L'évêque, Diego Jaminez, se présenta en fin de matinée au bain. Flanqué de son homme de main, il remonta la foule pour atteindre la portes réservée aux riches. C'était pour lui un vrai plaisir que de passer devant le peuple, habillé richement, et d'entrer sans avoir à attendre sous le soleil de plomb. Un sourire satisfait s'inscrit sur ses lèvres lorsqu'on le laissa pénétrer après les salutations qu'il était d'usage de présenter à l'évêque.
Mais son entrée ne fut pas remarquée par tous. Cela ne manqua pas de l'agacer.

- Faut-il payer encore une catin pour qu'on m'apporte une serviette et des sels de bain ?!

Les jeunes filles qui s'occupaient des riches clients sursautèrent et s'empressèrent de répondre aux exigences de Diego. Ce dernier repéra parmi elle une jolie blonde au regard bleu-pervenche. Il fit un signe entendu au gérant qui acquiesça. L'évêque sourit à pleine dent et s'adressa à la jeune fille avec une voix de miel.

- Eh bien viens, petite ! Nous allons nous amuser ensemble. Viens ! Je vais t'offrir le plaisir d'un bain avec moi.

Et il l'entraina dans son alcôve privée, en la serrant contre lui par les épaules.


Son bain privé était une pièce somptueuse. Elle était à son nom et il payait cher pour cela. Décorée de tissus flamboyant de richesse, on trouvait de partout des coupelles d'or et d'argent ciselés. Cela sentait mille parfums suaves, propices à la détente... et à l'amour. Le bassin était en mosaïque de bleu et d'or. Deux statues s'élevaient avec grâce de chaque côté : un corps d'homme et un corps de femme dont les poses étaient lascives. Diego avait la volonté de faire décorer son alcôve par des mosaïques représentant des scènes coquines, mais le temps lui manquait pour le moment.
Il défit sans tarder les habits légers de la jolie blonde. Exquise ! L'évêque retira ses habits et pénétra dans le bain portant la jeune fille dans ses bras.


Deux bonnes heures plus tard, Diego sortait des bains, habillé de neuf. Il avait opté pour une chemise de soie blanche et une culotte brun foncé. Malgré la chaleur, il n'avait pu s'empêcher d'être coquet et de mettre des bas blanc. Des bagues brillaient à ses doigts, et sur l'une d'elle, l'améthyste violette, la pierre des évêques, rappelait son rang.
Diego était de belle humeur. La jeune Agnès (il l'avait lui-même appelé ainsi), bien qu'ignorante des choses de l'amour, avait laissé découvrir un corps merveilleux. Elle était si frêle ! Qu'elle contraste avec la farouche Catille ! L'évêque avait envie de douceur aujourd'hui. Peut-être écrirait-il un billet à la jeune femme pour annuler leur rendez-vous du soir. Il pressa le pas sur cette remarque : il lui restait moins d'une demi-journée pour régler les affaires religieuses des colonies. Un jeune missionnaire était passé, il y avait bientôt plus d'un mois, et il ne s'en était pas encore occupé. Au vu de la bourse d'or laissée, il ne pouvait se permettre de faire l'impasse sur cette petite personne.