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Une Puce dans la Peau [PV]

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Miguel d'Almeria

Miguel d'Almeria

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MessageSujet: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeMer 22 Fév - 12:59


Paco ? Voilà un nom de baptême plutôt bizarre pour le mignon capucin. Cependant, Miguel n'ignore pas que le temps fera son œuvre, inévitablement, et que cette rencontre avec les brigands, qui aurait pu être dramatique mais qui s'est finalement bien terminée, enrichira bientôt la longue galerie des personnages cocasses qu'il a rencontrés durant ses voyages, comme ce Paco rougeaud, suant, bedonnant et puant la vinasse, et comme cette Pupuce aussi gracieuse qu'un cochon se roulant dans ses excréments. Qui sait, peut-être les immortalisera t-il un jour à coups de pinceaux, du moins s'il déniche une toile assez large pour les représenter en entier ! Donc Paco, pourquoi pas ?

Tout comme l'appareillage à Wécia, le voyage vers Glénia se déroule parfaitement, la puce et le barbouilleur parvenant à endiguer les incartades et les polissonneries de Paco, dont l'appétit est aussi féroce que celui des tourtereaux. Les journées sont douces, car le capitaine qui, à priori, regroupait plutôt les caractéristiques de l'ours des cavernes et du dragon aux naseaux fumants, se révèle aimable, et s'efforce de leur rendre la traversée agréable. Leurs nuits aussi sont douces. Elyse se détend, se décrispe, la tendresse un tantinet maladroite de l'artiste ne l'effraie plus, ne ressuscite plus l’infâme cohorte des démons du passé.

Et Glénia surgit un beau soir, annoncée par un envol de mouettes argentées, qui sillonnent l'azur au-dessus de la Rose des Mers en quête d'un soupçon de nourriture, ce qui amuse beaucoup Paco qui continue cependant à régler son sort à un régiment de kiwis. L'accostage se passe en douceur, les pontons sont presque déserts car la nuit approche à pas de loup. Quelques Fand'ors supplémentaires graissent la patte du capistan, ce qui éveille un rictus de satisfaction sur sa grosse bouille repeinte par le soleil. Le vieux loup de mer leur souhaite un bon séjour sur les rivages de Fandir, et les tourtereaux descendent la passerelle, le capucin sautant des épaules de la puce à celles du barbouilleur, et vice-versa.

- Nous voici à destination, mon ange. Le soir, la ville est plutôt calme, nous n'allons pas rencontrer grand monde en rejoignant mon atelier. La journée ce n'est pas pareil, j'habite à quelques pas du marché, ce qui est plutôt pratique, et aussi assez amusant car je profite à volonté du bagou des marchands ambulants et des camelots, du bavardage des passants et du babillage de leurs gosses. J'aime bien cette animation, souvent elle m'inspire, et je peins les faciès les plus farfelus depuis mon balcon. De là-haut, on peut aussi entrevoir la mer et le port, entre les toits des maisons. Tu verras, mon trésor, le panorama est superbe, et mon existence est tranquille, car mes toiles se vendent bien, en général, même si je me sens de temps en temps un peu à l'étroit dans cette ville. Mais bon, je ne me plains pas, c'est ça qui m'a permis de te rencontrer, mon cœur ...

Main dans la main, le baluchon sur l'épaule, la sylphide et l'artiste grimpent lentement à travers les ruelles, qui semblent déjà sommeiller sous les derniers feux du soleil. Un long escalier de vieilles pierres, qui se faufile entre les faîtages des maisonnettes, couvertes de glycines grimpantes où pépient des colonies de moineaux turbulents, les mène vers la place du marché et vers la boutique du grand maître d'Almeria, qui prend plaisir à indiquer à sa compagne, bizarrement coiffée d'un capucin, les bâtisses les plus pittoresques de ce quartier silencieux. Une boulangerie, qui semble fermée, quelques vitrines décorées avec goût, une église que Miguel ne fréquente pas car il est allergique aux grenouilles de bénitiers et à ce qui porte soutane.

- Te voilà chez toi, ma tourterelle ... conclut-il en poussant la porte des Indigos de l’Île. Voilà mon monde, mon univers, je te l'offre de bon cœur, mon amour, j'espère que tu t'y plairas autant que moi. Il sourit tendrement et embrasse la puce, évitant de justesse une pirouette de Paco, qui s'est élancé vers l'intérieur de l'atelier et tournicote déjà entre les chevalets, les montagnes de toiles, terminées ou non, et les pots de couleur. Car, en effet, l'antre du peintre est à son image, plutôt désordonné et anarchique, ce qui ne surprendra sans doute pas la belle Elyse.

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Elyse Garimont

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeDim 26 Fév - 17:12

Sous la lumière rougeoyante du soleil couchant, Elyse découvre enfin Glenia, au travers des yeux de Miguel qui lui décrit l'animation des rues, aux commerces florissants et variés, le charme des ruelles étroites, et la place du marché vivante qui se peuple de chalands bruyants et d'étals colorés dans la journée. Un escalier de pierre débouche sur ce fameux foirail, désert en cette heure tardive, mais Elyse imagine sans peine la scène dépeinte par son artiste bavard.

Paco, excité de retrouver la terre ferme ne cesse de passer de l'un à l'autre, sautillant de joie, piaillant de temps en temps, comme s'il ponctuait les dires de Miguel. La jeune femme comprend leur petit compagnon, elle aussi embrasse un nouvel horizon, et un avenir plein de promesses, elle a envie de crier sa joie, mais elle se contente de se serrer fort la main de son barbouilleur disert. Il pousse enfin la porte d'un atelier, à la devanture aux couleurs vives, « Les Indigos de l'Ile », déchiffre-t-elle sur l'enseigne artistiquement forgée, et passant le seuil, elle pénètre, curieuse, dans l'univers coloré de Miguel.
Le petit singe prend aussitôt possession des lieux, sautant sur le sol en une pirouette dont il a le secret, alors que le jeune homme la fait entrer, l'embrassant tendrement au passage. Elle admire les toiles posées sur les nombreux chevalets, exposées dans un charmant capharnaüm à l'image de l'artiste. D'autres sont accrochées aux murs, portraits, paysages du bord de mer, une forêt aussi, l'éventail des possibilités du peintre semble sans fin. Pendant que Miguel allume quelques chandelles, Paco furète çà et là entre les pieds des tréteaux. Elle prie pour qu'il ne renverse rien, ce serait dommage ...

- Mon dieu, Miguel, tes peintures sont magnifiques, tu as vraiment un talent fou ! s'exclame-t-elle au bout d'un moment. Je n'y connais rien mais c'est tellement beau ... vivant … Je ne pensais pas que tu étais aussi doué … Je comprends mieux à présent que tu sois détaché vis-à-vis de l'argent, tu gagnes très bien ta vie, ici …dit-elle en tournant sur elle-même, désignant l'ensemble des tableaux exposés. Peu m'importe l'endroit du moment que je suis avec toi, mon ange. Tu es un amour de m'ouvrir ta maison, ainsi, merci mon cœur ! J'espère que notre petit ami ne va pas faire trop de bêtises …

Elle rejoint Miguel, au centre de la pièce, passe ses bras autour de la taille du jeune peintre et à la lumière dansante des bougies, elle plante son regard émeraude dans les prunelles turquoise, plonge et se noie dans ces yeux aussi bleus que les eaux dansantes des Mers du Sud. Heureuse, elle est si heureuse, elle a trouvé sa place, son port auprès de ce grand gaillard à la tête dans les nuages, mais si tendre et si généreux, qu'elle l'aime infiniment son barbouilleur. Elle fera tout pour que lui aussi soit pleinement heureux.

Mais les voyages et les émotions creusent les estomacs sur pattes que sont les deux jeunes gens, et le ventre d'Elyse se manifeste en grondant étonnamment fort pour une si frêle demoiselle, faisant éclater de rire les amoureux : - Désolée, mon cœur, mais j'ai faim ! Il me reste quelques fruits dans mon sac, on partage ?
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Miguel d'Almeria

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeLun 27 Fév - 12:47


Ah ben non, faut pas lui susurrer des choses aussi touchantes à notre barbouilleur ! Faut pas l'enlacer comme ça, aussi tendrement, faut pas le regarder avec des yeux aussi limpides que les lagunes les plus transparentes, aussi purs que le jade le plus rarissime ! Non, faut pas, car son p'tit cœur de grand voyou sentimental fond aussitôt, comme une motte de beurre oubliée au soleil ! Ses bras se referment aussi sur l'adorable brindille qui lui dit des mots si gentils, si émouvants, et il ne compte pas la lâcher de sitôt, pas avant ... pfiouuuu ... plusieurs heures au moins. C'est qu'il l'adore, son délicieux farfadet, et qu'il compte bien le lui prouver encore et encore. Ici c'est chez toi, c'est chez nous ... répète t-il comme s'il avait peur qu'elle l'oublie.

Dix doigts d'artiste se mettent à dessiner de voluptueuses arabesques sous la chemise d'une puce qui se serre contre lui. Ses hanches fines, ses épaules de poupée, la peau douce de son dos, qu'il parcourt et traverse inlassablement comme un bateau traverse les mers d'émeraude, c'est à lui tout ça ! A lui ! Des fruits ? Brillante idée ça ! Mais pour l'instant il se contente de deux joues délicieuses comme des pommes d'api, de deux lèvres au velouté de pêche, et les dix coquins qu'il contrôle à grand peine poursuivraient volontiers leur tendre vagabondage vers deux espiègles mandarines qui pèsent contre son torse de manière exquise.

Mais soudain, diantre ! Qu'est-ce là ? Quel est ce délire ? Deux pattes poilues et maigrichonnes ont poussé sous le sac de toile de la sylphide, et le tout se dandine entre les chevalets, perdant au passage quelques prunes et quelques kiwis qui roulent à travers la pièce. En y regardant mieux, les tourtereaux remarquent aussi que le baluchon possède à présent une queue bleu foncé, ce bleu profond et sombre qu'utilise Miguel pour peindre la mer lorsqu'elle est en furie et qu'elle malmène les navires.

- Paco ! Viens ici ! ... hurlent-ils d'une seule voix ! Mais la bestiole n'est pas émue par ce cri ! Elle détale vers les escaliers menant à l'étage, traçant derrière elle une ligne continue, couleur lilas. Bon ! En soi ce n'est pas dramatique, car le parquet est souillé d'une multitude de tâches multicolores, mais le chenapan risque d'en mettre partout, de maculer les toiles vierges, et pire encore, de cochonner les vêtements, la literie et les fauteuils ! Bon sang Paco, obéis, sinon on mangera du singe demain ! ... grogne le barbouilleur, qui n'en pense pas un mot, bien entendu, et qui finalement s'amuse beaucoup ...

Le trio grimpe donc les marches à toute allure, le capucin étant suivi à deux longueurs par les tourtereaux qui cherchent à l'attraper par la queue. Le monstre ne demande pas son reste, il s'égosille comme une mouette affamée, et débouche le premier sur la terrasse illuminée par une lune rousse qui pointe le nez entre le chèvrefeuille, la glycine et le lierre grimpant, qui tissent leurs branchages entre les treillages de la tonnelle et des espaliers. Lorsque le lutin aux yeux d'ange et le prince du pinceau parviennent sur la plate-forme, Paco a lâché le sac, mais il est perché au sommet d'une palissade de lambris entrecroisés.

Le barbouilleur a beau être un grand escogriffe, il réalise rapidement qu'il est inutile d'insister, le sacripant étant hors d'atteinte. Souriant de toutes ses dents, Miguel pose les fesses sur les coussins d'une balancelle, qui se met aussitôt à osciller doucement tout en grinçant un peu, puis il tend les bras vers la puce pour qu'elle le rejoigne. C'est pas grave, il n'ira pas plus loin, il descendra quand il en aura marre. Et sa queue sera sèche ... Viens là mon ange, je vais te montrer les étoiles ...

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Elyse Garimont

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeDim 4 Mar - 20:11

Et voilà ! Ce que craignait Elyse depuis leur arrivée, Paco, ce coquin facétieux, a profité du moment de tendresse qu'échangeaient les deux amoureux, pour chiper son sac rempli de fruits, si appétissants pour le petit capucin. Il a même réussi à colorer sa longue queue, d'un joli bleu outremer qui lui sied à ravir, mais qui n'est absolument pas naturel ! A la fois désolée et effarée par les dégâts que le jeune singe va causer, Elyse lui court après, dans les escaliers, suivant Miguel qui la devance d'une courte tête, mais qui ne parvient pas à rattraper pas leur petit compagnon agile et leste qui termine son échappée belle, en abandonnant son larcin pour se percher au plus haut sur un treillage fleuri. Assis sur son perchoir, il prend une mine faussement contrite et refuse de descendre, Miguel ne pouvant l'attraper, il l'abandonne et s'assied au milieu de coussins accueillants et moelleux.

La meilleure façon de résoudre le problème étant de l'ignorer, Elyse récupère le sac de toile délaissé par le petit bandit et rejoint son tendre artiste sur la balancelle, qui les berce délicatement. Elle prend enfin conscience de la magnificence du lieu, tout autant que de l'instant. La terrasse s'ouvre sur le camaieu de gris bleuté des toits de Glenia et sur la mer sombre, aux reflets turquoise, brodés d'écume blanche. La lune rousse sème à tous vents sa lumière dorée ajoutant une touche de magie au tableau tranquille de la ville aux venelles désertes d'un côté et du port endormi, aux bateaux dansant nonchalamment au rythme langoureux d'une houle apaisée, de l'autre.

- Cet endroit est vraiment splendide, Miguel, soupire-t-elle d'aise en s'asseyant sur les genoux du barbouilleur. Humant l'air parfumé par les grappes des glycines odorantes, elle embrasse le paysage idyllique qui s'offre à ses yeux émerveillés. Je suppose que tu as du maintes fois peindre cette vue, je pourrais passer des heures ici à contempler les reflets flamboyants du soleil se couchant dans les vagues de l'océan, ou la lumière éblouissante du midi sur les toits multicolores …

S'arrêtant net de parler à tort et à travers, elle tourne son regard vers Miguel et plonge dans ses prunelles turquoise, se laisse sombrer dans le bleu cristallin, son cœur battant la chamade. Et pour la première fois elle ose s'abandonner aux sentiments qui bousculent son cœur, aux divines sensations qui font frissonner sa peau et embrasent délicieusement son corps. Elle enroule ses bras autour du cou du jeune homme et l'embrasse longuement, jouant tendrement avec ses lèvres sensuelles. Puis elle sourit contre sa bouche, et murmure:
- Je t'aime Miguel, merci de m'accueillir ici, merci, mon cœur, d'être aussi patient et adorable avec moi …


Confiante, sereine, blottie contre Miguel, Elyse est si bien, hors du temps ... Mais un jeune capucin a décidé lui aussi qu'il méritait des câlins, et le petit jaloux saute sur la balancelle, rejoignant les deux amoureux, s'immisçant entre eux pour se faire sa place, il ronronne comme un chaton, et de sa queue, encore humide de peinture bleue, il dessine de jolies arabesques sur les vêtements et les visages des deux amoureux hilares.

- Nous voilà bien décorés ! Paco, tu es un vilain garçon ! Mais c'est vrai que ce bleu se marie parfaitement avec tes yeux mon amour, articule-t-elle en riant de bon coeur, redessinant avec son doigt la ligne bleu outremer qui barre la joue de Miguel. Je crois que nous allons devoir partager les derniers fruits et lorsque ce petit bonhomme sera repu, tu voudras bien me montrer mes étoiles, mon coeur ?
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Miguel d'Almeria

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeLun 5 Mar - 13:25


Les tourtereaux se laissent envoûter par le charme du panorama, par la mer qui vient mourir sur la grève, dans son linceul d'écume, par les ruelles qui se fuient et se cachent à l'ombre des arbres et des toitures, puis se retrouvent un peu plus loin, pour se partager un rayon de lune. La puce qui découvre d'en haut ce ravissant spectacle en est émerveillée, et c'est aussi le cas du barbouilleur qui connaît pourtant par cœur chaque recoin de ce dédale de rampes et de tortilles, et chaque oscillation des vagues qui frissonnent, et des bateaux qui les chevauchent inlassablement.

L'instant est à l'éblouissement, à la tendresse, et la brindille s'est lovée sur les genoux de son artiste, sur la vieille balancelle qui tourne le dos aux glycines endormies, et qui berce mollement leurs douillettes étreintes. Seules la lune et les étoiles assistent à la scène, leur offrant la sérénité de la nuit. Seules la lune et les étoiles veillent sur leurs baisers et leurs mots d'amour. Seules la lune et ... Diantre ! Voilà qu'un troisième larron en a soudain décidé autrement, il se faufile entre eux et les repeint généreusement de bleu de mer. Oups ! Un second barbouilleur sévirait-il en ces lieux ? C'était pas prévu ça ! La belle Elyse pousse un cri de surprise, Miguel menace le chenapan de lui couper la queue séance tenante, mais les tourtereaux se contentent de lui essuyer le croupion avec un bout de tissu traînaillant parmi les coussins. Voilà. Un kiwi calme définitivement le capucin, qui déguste en silence, confortablement installé auprès d'eux. La puce continue pourtant le petit jeu, étalant les zébrures colorées sur les joues de son compagnon, qui lui mord les doigts, puis les mains, puis les bras, jusqu'à ce qu'un long baiser n'amène la fin des hostilités. Ils sont merveilleusement bien sur cette terrasse fleurie, et Miguel présente à sa belle les cohortes d'étoiles qui nimbent les ténèbres de leurs lueurs tremblotantes et pâles.

Il lui cite leurs noms, Bételgeuse l'écarlate, Rigel et sa robe bleue, puis la grande Ourse dont le chariot brille de mille feux. Voilà ce qu'il nous faudrait pour accomplir notre futur voyage, mon ange ! Un chariot comme celui-là, qui semble traverser l'espace entier en deux coups de cuillère à pot ! Il dévisage le délicieux moussaillon avec une tendresse infinie, et ajoute ... Mais les plus belles étoiles sont celles qui brillent au fond de tes yeux, mon trésor ... Il l'embrasse doucement, la faisant ployer entre ses bras, et constate alors qu'il vient de lui barbouiller la frimousse de cette couleur bleu cobalt qui se refuse à les abandonner.

- Te voilà aussi sale qu'un marchand de charbon, mon poussin ! Tes joues ressemblent à des aubergines bien mûres ! ajoute t-il avec ce sens de la modération, de la juste mesure, qui le caractérise. Puis il poursuit, après un instant de réflexion ... Dis-moi, ma tourterelle, que penserais-tu d'un bain de minuit sous les appontements du port, pour enlever toute cette couleur ? A cette heure de la nuit, nous n'y rencontrerons personne. La ville dort depuis un moment déjà. J'ai juste à prendre des serviettes et du savon. Demain nous irons flâner au marché, et nous t'achèterons de nouveaux vêtements pour remplacer ceux-ci, qui ont connu des jours meilleurs. Ce programme te convient, mon amour ?

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeVen 18 Mai - 10:04

Suite du "Premier bain de minuit"


Le retour aux « Indigos de l'Ile » s'émaille de baisers volés, de mots doux échangés à mi-voix, sous les porches complices ou aux coins des ruelles désertes, qu'ils empruntent pour rentrer. Paco s'est endormi sur l'épaule de Miguel, la petite boule de poils a épuisé sa réserve d'énergie à faire toutes ses bêtises. Mais elles sont oubliées par les deux amoureux tendrement enlacés qui arrivent bientôt chez eux. Elyse a relégué sa timidité, ses peurs aux oubliettes, l'amour de Miguel et la totale confiance qu'elle lui accorde, lui ont redonné une certaine assurance. Elle se découvre passionnée, et terriblement impatiente d'arriver, elle ne veut, ni ne peut rompre le contact avec le grand corps chaud qui l'emprisonne délicatement dans ses longs bras. Ses yeux émerveillés ne quittent le beau visage du peintre, que pour franchir les obstacles, ou pour grimper les dernières marches qui les mènent à l'atelier.

Elyse pousse enfin la porte de la vieille maison, et sans un regard, cette fois pour la boutique et les toiles de Miguel, elle l'entraîne en riant dans l'escalier étroit qui les conduit à l'étage, le sac est abandonné sur les marches, et Paco déposé sur un coussin moelleux, roulé en boule comme un chaton. Mais pas question de prendre le risque de le laisser vagabonder à sa guise. Elle ferme ensuite doucement la porte, derrière eux, puis elle se tourne vers le jeune homme, soudain intimidée, paralysée par la vue du lit, symbole de ce qui va se passer, résumé de ses appréhensions. Dehors paradoxalement elle se sentait ... à l'abri, sur la plage, elle était audacieuse, sensuelle. Mais là, à deux pas de la couche sur laquelle Miguel a sûrement aimé d'autres femmes, elle se sent si ... déplacée, gauche, inexpérimentée. Elle a peur, non pas du passé, mais tout simplement de ne pas savoir quoi faire ...

- Miguel, je ... J'ai ... Elle se tait, cherchant comment lui faire comprendre ce qu'elle ressent, puisant comme toujours son courage dans les prunelles turquoise, elle se précipite dans les bras protecteurs de Miguel, quémandant le réconfort de sa tendresse. Elle niche son visage dans son cou, et murmure d'une voix hésitante, ses craintes, butant sur chaque mot. Ses lèvres contre la peau tiède et salée, elle se libère enfin : - J'ai si peur, Miguel ... Peur de ce qui va se passer ... Peur de ne pas savoir ... De ne pas être à la hauteur de toutes celles qui m'ont précédée ... Elle relève timidement la tête, rejetant ses boucles brunes en arrière, elle sombre dans les yeux doux et tendres qui la retiennent. - Mon coeur, mon corps te réclament, mon amour ... Mais mon esprit est si confus ... si ignorant ... Ne me fais pas de mal, je t'en prie ...


Dernière édition par Elyse Garimont le Mer 23 Mai - 7:43, édité 1 fois
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Miguel d'Almeria

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeSam 19 Mai - 10:51


Les rires sont restés dans l'escalier. C'est une Elyse aux traits plus graves qui pénètre dans la chambre, au bras de Miguel.

C'est le lit. Oui, c'est le lit, assurément, qui angoisse et trouble ainsi la puce. Un lit éclairé parcimonieusement par un halo de lune, un lit dont les contours moelleux demeurent imprécis et sombres. Mais ce n'est pas cette image diffuse qui paralyse le joli farfadet, non. Ce vilain lit détient les clefs du mystère, ce vilain lit renferme en lui les secrets de la métamorphose, il va accueillir en son sein une frêle brindille, au cœur immaculé, au corps virginal, et la transformer en une jeune femme superbe. La femme du barbouilleur.

Elle a niché sa frimousse dans son cou, il ne voit pas ses yeux de jade, mais il devine son regard inquiet, il caresse longuement ses boucles brunes, avec une infinie douceur, il l'étreint pour la rassurer de son mieux, pour l'escorter dans ce premier pas auquel elle est résolue. C'est fou comme il l'aime en cet instant. Plus que jamais auparavant.

- N'aie pas peur, mon trésor. Je t'aime et tu m'aimes, il ne peut rien nous arriver de fâcheux. Abandonne-toi à moi, mon ange, laisse-moi te guider, fais-moi confiance ...

Lorsqu'elle relève la tête, lorsqu'elle lui offre ses yeux craintifs, il l'embrasse doucement sur les lèvres, minutieusement, éternellement. Ses doigts courent dans son dos, sous sa chemise, mais ils l'effleurent à peine. Le bougre est possessif, impatient, mais il la mènera lentement vers le mariage de leurs corps. Ce moment doit être une longue découverte, une merveilleuse découverte, un lever de soleil sur une mer myosotis.

- Viens, mon amour ...

Sans cesser de l'embrasser, il la pousse doucement vers le lit, il la soulève lorsqu'ils le frôlent, et il la dépose au centre de la courtepointe, délicatement, comme le plus fabuleux des trésors. Il s'allonge à côté d'elle, et tendrement, il l’effeuille, les yeux rivés aux siens, guettant chaque expression naissant sur le charmant visage. Il délace d'abord son corsage, en écarte lentement les pans, puis il pose la bouche sur un sein menu, et goûte sans retenue à la peau de satin blanc, mais du bout des lèvres, avec langueur, avec minutie, sans hâte. Ses doigts se sont emparés du second globe d'albâtre, et il le caresse doucettement, pianissimo, effleurant à peine le mamelon joliment ciselé, au grain tendre et mordoré. Il se redresse un instant, lui sourit, tout en se débarrassant aussi de sa chemise. La puce est une bonne élève, elle comprendra.

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MessageSujet: Re: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeMer 23 Mai - 7:36

Sur la toile vierge de son corps, tendrement, du bout de ses longues mains d'artiste, Miguel dessine et redessine ses courbes pleines, réveillant les sensations exquises qu'Elyse a ressenties sur la plage, dans ses bras. Tout comme le virtuose accorde sa guitare de ses doigts agiles, faisant vibrer les cordes une à une, avant de jouer cette mélodie douce et enivrante, qui résonne dans son coeur avide d'amour et de tendresse, il effrite patiemment ses défenses et ses craintes. La jeune femme tente de jouer au diapason de son compagnon et timidement esquisse à son tour de tendres caresses. Elle découvre bravement ce corps qu'elle a décidé d'unir au sien, s'enhardissant peu à peu.

Elle fond sous les mains expertes et les lèvres sensuelles du barbouilleur, allongée près de lui, elle réalise combien la promiscuité de leurs nuits sur le bateau a du être compliquée pour lui. Cette fois elle ne se dérobera pas, cette fois elle lui permettra de l'aimer, cette fois elle s'abandonnera dans ses bras amoureux. A demi nue sur le lit, allongée face à Miguel, ils baignent tous les deux dans une flaque de lune argentée, elle distingue son visage, ses yeux turquoise la câlinent, et pétillent lorsqu'elle s'aventure sur sa peau nue, ces arabesques qu'elle trace, s'affirment lorsqu'elle remarque qu'elle a elle aussi le pouvoir de le faire vibrer. Elle observe son regard qui s'assombrit, sa bouche qui se crispe, et elle s'enhardit, grisée par ce qu'elle déclenche. Un sourire attendri, émerveillé s'épanouit sur ses lèvres comme la fleur emperlée de rosée s'ouvre aux rayons du soleil d'été.

Lentement, elle vient ajuster son corps à celui de son barbouilleur, éprouvant la douce pression de ses seins d'ivoire sur le torse de Miguel, elle frémit de bonheur, goûtant ces instants précieux comme une friandise épicée et merveilleuse. Ses mains osent, caressent sans fin le dos, les épaules, les joues de son compagnon. Ses lèvres s'offrent, prennent, joutent jusqu'à ce que leur passion les entraîne dans un baiser tumultueux qui les laissent à bout de souffle. Les yeux de jade vacillent, se noient dans l'océan céruléen qui les couve amoureusement, la flamme qu 'elle y trouve décuple son audace, et attise les sensations brûlantes qui assaillent le creux de son dos, inondent son ventre et sans cesse la poussent vers lui, vers cet homme qui est devenu le soleil de sa vie.

- Je t'aime, Miguel, je t'aime tant … murmure-t-elle, contre ses lèvres, ponctuant de petits baisers chaque mot, troublant le silence paisible du nid douillet de leur étreinte. Envolées les craintes, disparus les doutes, libérée Elyse ! Elle se laisse guider par l'amour profond pour son charmant barbouilleur, complice aimant de cette chasse aux trésors de tendresse, de sensualité que recèlent leurs deux cœurs unis dans la même attente, vibrant du même élan de passion. Elle l'aime, elle s'abandonne sans inquiétude .....
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MessageSujet: Une Puce dans la Peau [PV] Une Puce dans la Peau [PV] Icon_minitimeJeu 24 Mai - 6:36


Une douce chaleur s'invite dans le creux de ses reins lorsque la puce se met à effleurer sa peau du bout des doigts. D'abord timidement, précautionneusement, comme s'aventurent prudemment les mains d'un aveugle tâtonnant dans son monde angoissant d'obscurité profonde. Miguel l'encourage d'un sourire, d'un baiser. Puis d'un autre. Ses prunelles bleu d'azur épient tendrement les yeux de jade de sa princesse, et la détresse qui les habitait s'y dissipe doucement, comme la brume d'un gai matin que disperse la brise de l'aube. Les petites menottes de la brindille entrent dans la danse, elles se lancent sur cette piste aux mille courbes que lui propose le corps de son amant, elles tourbillonnent comme des ballerines, elles donnent autant d'amour qu'elles le peuvent. Voilà, la puce distribue autant qu'elle en reçoit, avec la même volupté, sans crainte et sans réserve. Voilà, elle aime. Elle est libre !

Et si leurs corps s'épousent c'est parce qu'Elyse offre le sien à son barbouilleur, sans réticence. Leurs « je t'aime » sont presque inaudibles tant leurs lèvres sont proches, tant leurs baisers sont fiévreux , mais leurs « je t'aime » sont à eux, ils se les répètent, ils y goûtent avec délice, ils se les disent sur tous les tons, tendrement, gaiement, goulûment, conscient que ces aveux délicieux ne sont pourtant qu'une étape vers cet inconnu qui faisait si peur à Elyse. A présent, ils veulent tous deux davantage, ils veulent aller jusqu'à l'extase, et quatre mains complices s'activent soudain pour débarrasser deux corps enlacés des dernières frusques qui les encombrent. Quelques secondes, et les bottes rejoignent vivement le parquet vétuste, tandis que les vieux pantalons et les chemises s'entassent au bout du lit.

Enfin.

- Viens, mon ange ... souffle t-il à son oreille, tout en s'allongeant sur le dos, au centre de la couverture, gardant la brindille prisonnière de ses bras. - Mais prenons le temps, savourons ...

Non pas qu'il veuille la guider dans chacun de ses gestes, car malgré son inexpérience la puce n'est plus une enfant depuis longtemps, mais Miguel n'affiche aucune hâte afin d'apaiser la belle, de l'habituer à leur nudité et à cette intimité si nouvelle pour elle. Il conjugue la délicatesse à la tendresse, la patience à l'amour, et, lentement, ses longues mains d'artiste creusent à présent les hanches menues d'Elyse, puis sculptent son joli fessard délicieusement bombé. La langue du barbouilleur se fraie un chemin entre les quenottes de son farfadet pour y défier sa voisine, sa sœur, vive et rose, et l'entraîner dans de subtiles escarmouches. - Tu aimes ? ... demande t-il à la puce, entre deux baisers, soucieux de lui dispenser les sensations les plus exquises. - N'aie pas honte de le dire, de le montrer, mon ange ... ajoute t-il afin de mieux cerner les préférences de sa tourterelle.

Miguel s'enflamme plus vivement qu'il ne le souhaitait, et sa virilité se manifeste avec insistance. Il pivote délicatement, sa main presse furtivement sur la cuisse d'Elyse pour qu'elle les écarte davantage, et c'est lui qui la chevauche, à présent, et la dévore des yeux. Il veut y lire chaque émotion, chaque sentiment. Chaque incertitude, aussi, pour mieux lui venir en aide, pour mieux l'aimer.

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