Les portes du marché. Bien sûr elles n'existaient pas matériellement, mais le changement d'atmosphère était tel qu'il semblait au jeune homme que ce lieu était un autre monde. Comme tous les lieux de la capitale, il semblait que jamais l'activité des hommes ne s'arrête. Tant sur les quais, que dans les ruelles, les bains et a fortiori sur le marché, c'était irrémédiablement un fourmillement, une agitation et du bruit.

*Sauf dans la cathédrale ! J'aurais été curieux de savoir si tout ce monde-là se pressait de la sorte pour aller prier et rendre gloire au Créateur.*

Il s'étonna lui-même d'avoir des pensées si négative en entrant dans les ruelles commerçantes. Après tout, il savait que le monde tournait ainsi. Et puis n'était-il pas un peu trop de mauvaise foi ? Il fallait pouvoir se nourrir et survivre, les colons avaient donc bien raison. Et puis, n'avait-il pas lui même remarqué les nombreux ex-voto dans la cathédrale ? Les marins priaient aussi pour être protégé d'un malheur en mer. Il ne pouvait que le comprendre. De fait, c'était moins l'absence des colons dans un lieu de culte qui le gênait, mais l'absence de clercs. Il allait de soi que les marchands soient ici pendant le jour, que les marins soient sur leur bateau, que les civils vaquent à leur occupation. Mais qu'aucun clerc ne soit présent dans l'un des plus grands édifices de la capitale, dans l'édifice dédié au culte...
Il frappa rageusement dans un caillou. Il n'avait pas réussis à apaiser son énervement d'hier. Le jeune prêtre soupira, cette constatation le poursuivrait encore longtemps. Pour ne plus y penser, il s'intéressa aux étales, le ventre de plus en plus affamé.

Tout lui semblait merveilleux : alors même qu'il existait la même chose dans l'Ancien monde, les objets, les fruits, les produits divers et variés lui semblaient exotiques, nouveaux. C'était encore un monde inconnu. Et cet inconnu eu raison de sa mauvaise humeur. Le jeune homme se laissa aller à ce rêve.
Il finit par s'arrêter à un étale et acheta de quoi tenir jusqu'au départ et prit également de quoi manger pour ses prochains jours de voyage. Il ne pu résister à l'envie de s'acheter un livre relié qui prétendait raconter l'histoire de ce nouveau monde. Le livre lui avait paru sérieux et il su reconnaître la bonne qualité de la fabrication. Nul doute, donc, que les écrits qu'il contenait, seraient à la hauteur. La carte qui commençait l'ouvrage était précise et il constata son exactitude par rapport à sa propre carte que lui avait cédé le capitaine de son père.

Angelo alla s'installer dans les hauteurs de la ville, là où l'animation était moindre. Les rayons du soleil réveillèrent doucement la ville, réchauffant tièdement les pierres.