Julyan, après s'être brutalement réveillé, se rendit sur le marché. Il avait un budget assez limité, et devait acheter une petite pierre précieuse, afin d'orner une de ces épées. En effet, un rubis s'était délogé d'une de ces armes, et il serait difficile de trouver la pierre adéquate. Si jamais rubis il n'y avait pas, alors il devrait se rabattre sur les émeraudes, voire sur les saphirs. Les topazes ne l'interessaient guère pour ces armes, reflétant une couleur plutôt jaunatre et peu agréable. Du moins les topazes de ce marché. Par contre, les rubis étant d'un rouge flamboyant, Julyan s'en servait plus souvent, bien que rarement, que les autres pierres.
C'est lorsqu'il arriva devant la ruelle qu'il distingua tous les marchands. Du poisson au légume, tout y était. Il commanda une pomme et paya. Un petit met pour le chemin, ce n'était pas de refus. Même si il devait avoir les mains parfaitement propres pour toucher les pierres précieuses. Parcourant et s'enfonçant de plus en plus dans ce marché, Julyan commença à sentir la foule pousser. Elle poussait, l'entrainant vers l'avant. C'est alors qu'il remarqua un cercle se formant autour de deux jeunes hommes se battant.
Julyan ne prit pas la peine de s'atarder. Il poussa tout le monde, déforma le cercle, et contourna les deux combattants, dont un en fut distrait. Il fendit ensuite l'autre partie du cercle pour ressortir dans une allée vide et des marchands content de faire une petite pause. Ce genre de bagarres arrivaient souvent, mais Julyan n'en avait que faire. Tant qu'ils ne se battaient pas avec ses armes, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Achevant sa pomme rapidement, Julyan se stoppa devant un vendeur de pierres précieuses. Il était dur de les trouver, mais on pouvait les remarquer à leur grosse loupe, ainsi qu'à leurs gants de velours. Julyan, dans son habit très typé oriental, interpella le vendeur.

- Bonjour, je cherche une pierre précieuse afin d'orner cette épée.

Julyan sortit l'épée de son fourreau. Il avait son katana de l'autre côté, et se balader avec deux épées rendaient les passants curieux. Il montra la zone ou le rubis devait se loger, et attendit une réponse du bijoutier.

- O'L'magnifique engin Qu'vous avez là ! J'vais vous trouver ça tou'd'suite !

Julyan, surpris du langage populaire d'un homme censé être aisé, se mit à sourire. Le marchand revint avec trois pierres de tailles un peu différentes. Il était difficile de cerner la différence de taille si l'oeil n'était pas celui d'un expert. C'est pourquoi lorsque le marchand sortit sa loupe pour examiner les pierres, Julyan fut un peu septique.

- C'est du lourd mon bon !

- Euh... Permettez ?

Julyan récupera gentimment la loupe du commerçant, puis examina le rubis en premier. Il le passa entre son pouce et son index afin de juger de sa taille, puis le fit sautiller dans sa main afin de jauger son poids. La couleur était luisante, et le rubis était net. Décidement cet homme était un homme de qualité.

- Hmmm... là ya deux carats... Proposez.
- Bah J'vous l'fait pas cher monsieur !
- Explicitez...
- Ho Tu m'payes un bon paquet et jt'y fais pas de manières moi !

Julyan lui offrit donc les trois quarts de son budget, feintant qu'il n'avait que cela. Le monsieur, ravit, lui offrit la pierre dans une petite bourse, et lui sourit, fier de sa vente. Julyan repartit donc de l'autre côté du marché pour continuer à visiter cette zone populaire forte interessante.

La rue était déserte, les clients n'affluaient pas et Edelweiss s'ennuyait ferme dans sa petite boutique. Ses pensées voguèrent un instant, elle fut rapidement rappelée à la réalité par les grondements de son estomac. Son garde-manger se vidait à vu d'oeil, et il lui importait de le remplir. Après avoir rentré ses fleurs et fermer son échoppe, la jeune femme se dirigea vers le marché, non sans un pas pressé par les réclamations de son ventre. Quand elle arriva sur la place du marché, la foule était déjà présente. Des hommes et des femmes de toutes les tailles et de tous les âges se bousculaient sans gène autour des nombreux étalages que l'on pouvait y trouver. Des fruits aux légumes, du poisson à la viande, on y retrouvait de tout. Telle était l'âme du marché.
Elle s'arrêta un bref instant sur le stand d'une vieille dame au sourire édenté pour examiner les épices qu'elle proposait. Un puissant mélange de cumin et de canelle flottait aux alentours. C'était des produits d'excellentes qualités.Elle en prit quelques sachets, paya son du et reprit sa route. Edelweiss passa ainsi d'échoppe en échoppe, allegeant à chaque fois un peu plus sa bourse. Elle passa à côté d'un cercle serré de personnes qui s'agitaient en poussant des cris rauques, s'exitant sur on ne savait quoi.

Certainement une bagarre, ils sont de plus en plus fréquents ces derniers temps.

Faisant fi de cette mauvaise distraction, elle s'écarta de la foule, et entreprit de parcourir l'autre partie du marché. Ici, la populace s'activait moins. On pouvait circuler librement sans y être bousculé de toute part. Enfin, c'est ce qu'elle pensait ! Arrivant de nul part, un groupe de jeunes gamins débarqua, déchaînés et emportés par leur histoire pirate.

- Haha moussaillons ! Tous à l'abordage ! s'exclaffait-l'un.

Tout en courant, il bouscula violement Edelweiss. La jeune femme vit venir le sol plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Le jeune garçon la regarda ainsi, incrédule, avant de s'enfuir à toutes jambes avec ses petits chappardeurs.

- Mais quelle bande de petits...

Elle ne termina pas sa phrase, honteuse.

Repartit posément en direction des échoppes voisines à celle du bijoutier, Julyan commença à se poser une question. Etait-il athé ou croyant ? Il ne le savait pas lui-même. Venant d'une région lointaine ou toute forme de croyance est malvenue, Julyan ne se posa pas la question de suite. Mais beaucoup de choses le forcaient désormais à se la poser. Pour commencer le nombre de croyants présents dans la ville est immense. Certains immitent des signes étranges, dont Julyan ne connait pas la signification, d'autres marmonnent la tête baissée un éspèce de dialecte étrange...
C'est lorsqu'il vit des gamins courir à toute jambe que Julyan arreta net son long débat intérieur. Une jeune femme venait d'être bousculée par ses enfants, et Julyan ne se fit pas prier pour un attraper un à la volée, avant de fixer le derrière de son pantalon en toile sur le crochet d'une annonce, présentant un petit commerce miteux. Celui-ci étant poids plume, il aurait certainement du mal à se défaire.
Julyan revint ensuite vers la jeune demoiselle et lui proposa sa main pour qu'elle se relève.

- Permettez...

C'est avec un ton un peu gêné que Julyan se permit :

- Puis-je connaître le nom d'une demoiselle aussi charmante ? Moi on m'appelle Julyan...

C'est ensuite qu'il ramassa les produits de la jeune femme disséminés un peu partout sur le chemin, afin de tout remettre dans son panier. Cet élan de galanterie ressemblait fortement à Julyan. Il été né galant et gentil, mais son origine orientale lui fermait toutes les portes de l'amour qui pouvaient s'entre-ouvrir.

Les yeux embrumés par la honte, ses cheveux en bataille, Edelweiss ne s'était pas relevée. Elle fixait le sol d'un air maussade, non sans jetait un regard sur les marchandises qui s'étaient dispersées aux alentours. Une carotte par-ci, une patate par-là. Elle soupira d'exaspérement, et lorsqu'elle se remémora le visage dubitatif du petit garçon, son coeur se serra. Edel' ne pouvait pas lui en vouloir, il ne l'avait pas fait volontairement. Mais l'éducation de la jeune femme lui avait appris la politesse, aussi, des excuses ne lui auraient pas déplue. Elle s'apprêtait à se relever quand des protestations éclatèrent non loin de là :

- Lachez moi monsieur ! Mais lâchez moi !

Il s'agissait d'un gosse du groupe qui l'avait bousculé. Attrapé et accroché par le haut de son pantalon, il pendouillait misérablement sur le haut d'une pancarte. L'auteur de cette farce était un mystérieux jeune homme asiatique qui ... qui portait deux épées ?!

Diantre ! Pourquoi autant d'armes pour se promener ainsi sur le marché ? La ville est dangereuse, mais est-il vraiment nécessaire d'en porter deux ?

C'est alors que l'inconnu se dirigea vers elle d'une démarche assurée, et lui présenta courtoisement sa main :

- Permettez...

Un mystérieux justicier sorti de nul part, un homme galant au regard fier. Voilà de quoi faire rougir n'importe quelle femme normalement constituée !

- Merci ... lui répondit-elle à voix basse, acceptant son aide.

Le corps frêle de cet homme dissimulait bien sa force, Edelweiss le sentit quand il l'aida à se relever. En effet, la puissante traction dont il fit preuve affirmait la présence de muscles bien entraînés sous cette veste blanche. Cet homme ne devait pas être n'importe qui.

- Puis connaître le nom d'une demoiselle aussi charmante ? Moi on m'appelle Julyan...

La jeune femme ne put s'empêcher de sourire à son ton gêné. Serait-il timide malgré ses armes pendantes à son flanc ? Julyan l'aida aimablement à ramasser ses provisions. Il saisit cette patate et cette carotte qui s'étaient enfuies un peu plus tôt, ainsi que tous leurs amis dispersés aux alentours. Cette galanterie qui semblait naturelle chez ce jeune homme, attendrit Edel.

- Charmante, je ne sais pas, mais on nomme Edelweiss. Je vous remercie pour votre aide Julyan. Les hommes courtois sont de plus en plus rare de nos jours. Quel privilège que d'en recontrer un aujourd'hui !

S'en suivit un clin d'oeil complice. D'ordinaire, Edel ne sympathisait pas aussi facilement avec les hommes. Mais Julyan lui inspirait confiance et douceur malgré cette petite lueur ardente qu'elle voyait flamboyer dans le coin ses yeux sombres.

Alors que la jeune femme avait récupérée tous ses aliments et qu'elle lui répondit, Julyan sentit qu'une nouvelle rencontre était née. Cette jeune femme devait certainement être une personne de confiance, et cela plaisait à Julyan qui n'avait pour l'instant pas vraiment de relations dans la capitale. Il connaissait certes deux ou trois clients habitués à son commerce, mais ce n'était guère des amis.

-Charmante, je ne sais pas, mais on nomme Edelweiss. Je vous remercie pour votre aide Julyan. Les hommes courtois sont de plus en plus rare de nos jours. Quel privilège que d'en recontrer un aujourd'hui !

- Privilège... privilège... ce serait un privilège pour moi si vous acceptiez de venir boire un délicieux thé oriental dans mon magasin, même si je trouve qu'il est un peu tôt pour vous proposer une telle chose. Je ne me suis même pas présenté. Je viens d'Orient. Des contrées de l'est. Je suis arrivé ici il y a de cela assez longtemps, mais je n'ai cependant aucune réelle relation, et en deux années de temps, c'est la première fois que je vous rencontre. Je vends des armes orientales, ainsi que du textile, et des matériaux orientaux. J'ai fini de m'approvisionner en matériaux, ici. Ah... permettez...

Julyan recula vers le gamin, toujours pendu cinq mètres plus loin. Il fourra son trognon de pomme usagé dans sa bouche, et entailla un peu le vêtement afin que celui-ci se déchire au fil du temps. En trois bonnes minutes il serait sur pied. Julyan revint enfin vers la jeune femme, et lui montra le rubis, dans la petite bourse de velours.

- C'est pour l'épée... Mais je vous l'offre. Il vous sera plus utile qu'à une vulgaire épée. Ce serait gênant pour moi si vous refusiez, alors je vous en prie, acceptez le avec plaisir.

Julyan attrapa le poignet de la jeune femme, et posa la petite bourse dans la main de la jeune femme, avant de délicatement lui refermer sa main sur le rubis, le sourire au lèvres.

A peine Edelweiss avait-elle répondu au jeune homme qu'elle vit étinceller dans son regard cette lueur d'espoir, promesse de nouvelle amitié. Touchée par cette détresse muette, elle demeura un instant sans voix, ne sachant que dire. Julyan semblait faire parti de ces personnes perdues dans la solitude de la ville, et qui ne désirait qu'une main pour sortir des ombres silencieuses de l'isolement.

- Privilège... privilège... ce serait un privilège pour moi si vous acceptiez de venir boire un délicieux thé oriental dans mon magasin, même si je trouve qu'il est un peu tôt pour vous proposer une telle chose.

Un sourire s'étira sur les lèvres de la jeune femme. Cet homme lui était décidément bien sympathique, et apprendre à le connaître ne lui déplairait pas.

- En effet, vous n'allez pas vite en besogne dites-moi !

Puis elle éclata de rire.

- Je ne me suis même pas présenté. Je viens d'Orient. Des contrées de l'est. Je suis arrivé ici il y a de cela assez longtemps, mais je n'ai cependant aucune réelle relation, et en deux années de temps, c'est la première fois que je vous rencontre.Je vends des armes orientales, ainsi que du textile, et des matériaux orientaux.
- Vos traits représentent bien vos origines, et cela dit, ne sont point dépourvus de charme (elle fit un clin d'oeil complice). Il me semble avoir déjà aperçu votre boutique. Il s'agit bien de ce batîment aux allures orientales dans le centre de la cité ? Mais jamais son propriétaire n'ait été apparu au grand jour, aussi, je n'ai jamais osé y entrer malgré sa façade très attrayante. Quant à moi, je me vis à Assecia depuis environ deux ans, où je gère une boutique de fleurs (Hors RP : Que je n'ai pas toujours pas ouvert...).
- Ah... permettez...

Julyan s'en alla s'occuper du gamin qui depuis un petit moment, commençait à se lasser de sa position grotesque, alors que les deux gens venaient à se raconter leur vie respective. C'est un visage soulagé qu'Edelweiss perçut sur le petit minois du garçonnet quand il se rendit enfin compte que sa punition allait prendre fin. Le jeune homme revint avec diligence à ses côtés. Il sortit de sa bourse un magnifique rubis. Son éclat écarlate reluisait à la lumière. Un très belle pierre et un produit de qualité.

- C'est pour l'épée... Mais je vous l'offre. Il vous sera plus utile qu'à une vulgaire épée.

Il est embarrassant pour une jeune femme de rencontrer un homme aussi complaisant et courtois. Son coeur s'était troublé, sa gentillesse l'avait déjà touchée. Mais pouvait-elle seulement imaginer qu'il lui fasse don d'un si beau présent ? Elle ne pouvait l'accepter, surtout de la part d'un parfait inconnu.

- Oh, non ... je ne puis acc...
- Ce serait gênant pour moi si vous refusiez, alors je vous en prie, acceptez le avec plaisir.

Julyan saisit le poignet de la jeune femme, une prise douce et légère, comme s'il avait peur que, trop fragile, qu'il ne la brise au moindre choc. Il déposa au creux de la paume d'Edel' le precieux joyaux, et referma sa main d'une délicatesse telle, qu'elle témoignait la présence d'une grande douceur et tendresse. Gênée à ne plus savoir que faire devant ce déroutant sourire, Edelweiss bultina :

- Merci ... Je ne sais pas comment vous remercier... Peut-être en acceptant de boire ce thé avec vous ?

Un sourire embarrassé apparut sur son visage.

edel, que fais-tu ? Où vas-tu ?

Elle sortit sa propre bourse en soie, et y déposa le rubis. Elle le garderait précieusement, à la pensée de cet homme, cette connaissance, cet ami. Elle non plus ne serait plus seule désormais, et son coeur se réjouissait des nouvelles perspectives qui s'offraient à elle.

- Alors, je vous suis Julyan !

Elle gambada quelques mètres devant.