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0 | Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] | |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Mer 6 Mar - 15:59 | |
| Plusieurs jours avaient passé depuis que Roxanne avait fait cette rencontre aussi imprévue que merveilleuse. Le Père Angelo portait bien son nom, songeait-elle parfois, car il l'avait sauvée de la misère et de la peine tel un ange descendu des cieux. Sans qu'elle comprenne trop pourquoi, elle préférait toutefois ne pas le voir sous les traits d'un ange mais bien plutôt sous ceux d'un homme de chair et de sang, un homme plus... accessible. Mais comment eut-elle reconnu cet émoi alors qu'elle le ressentait pour la première fois et qu'elle n'avait nulle âme à qui se confier pour obtenir des explications. Son père lui manquait plus que jamais, devait-elle reconnaître. Bien que peu loquace, et plus capitaine que père au fond, il avait toujours fait preuve de patience pour répondre à ses interrogations les plus fantaisistes. Quoi qu'il en soit, Roxanne était seule désormais. Ou presque. Elle avait de nouveaux amis et s'en réjouissait sincèrement, saisissant mieux à présent ce qui lui avait manqué pendant les années de vie solitaire dans les rues d'Assécia.
Ce matin-là, c'est vêtue en homme qu'elle foulait les pavés d'un pas pressé afin de rejoindre le presbytères. Alexander lui avait prêté une chemise propre en meilleur état que la sienne, un pantalon de toile grossière cachait ses jambes, une veste complétait le tableau ainsi que des godillots usés et une sorte de bonnet marin sous lequel étaient rassemblés ses cheveux. Les mains au fond des poches, elle se dépêchait un peu mais prenait tout de même le temps de se perdre dans ses pensées et ses rêveries. La vie avait été rude depuis la disparition de Raven, surtout qu'elle s'était habituée à cette vie de famille confortable, mais le jour où ses pas l'avaient menée à l'église de Glénia, ce jour-là, tout avait changé. Le Père Angelo était un homme bon, pieux et charitable, il avait été d'une grande gentillesse avec elle. Tout comme se servante Perrine et même les Carsin chez qui il l'avait envoyée quérir un emploi de coursière. Depuis, elle courrait dans toute la ville, chargée de rouleaux d'étoffe, encombrée de grandes boîtes cartonnées, mais Dieu qu'elle était heureuse ! Travailler était la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis longtemps. Elle libérait son trop-plein d'énergie, se défoulait, était satisfaite d'elle-même, et gagnait quelques sous qui plus est !
Le presbytère était en vue et elle accéléra le pas, pressée de retrouver ses nouveaux amis et de leur raconter comme elle s'épanouissait. Elle y allait aussi pour réparer cette fichue toiture de l'église. Depuis treize jours, il avait plu presque sans discontinuer, aussi n'avait-elle pas encore pu s'en occuper. À la vue du temps sec qui s'annonçait à son réveil, elle avait éprouvé un élancement au coeur impossible à identifier. Elle savait bien qu'il était trop tôt pour que le Père Angelo ait déjà des nouvelles de l'évêque d'Assécia et pourtant... Une part d'elle espérait chaque matin. Elle occultait en revanche totalement la possibilité que ce soit le fait de revoir le prêtre qui lui fisse plaisir. Bientôt il lui faudrait retourner à la capitale, elle le savait, pour régler les détails de l'arrangement avec l'évêque qui prendrait en charge les affaires de son père. L'homme de loi qui s'occupait de tout avait purement et simplement refusé de lui confier quoi que ce soit, même après qu'elle lui eut annoncé la disparition mystérieuse de son père, sous prétexte qu'elle était une fille. S'il était déclaré mort, ce serait différent avait-il ajouté sèchement. Il était donc heureux qu'elle ait eu cette opportunité inespérée de demander de l'aide à un homme d'église. Il n'y avait certainement pas grande chose à voler ou à détourner, mais s'en remettre à un évêque éliminait toute suspicion et la soulageait d'un grand poids.
En attendant : la toiture ! L'église avait grand besoin qu'on répare les fuites et ce nouveau travail de plein air la réjouissait autant que son poste chez les Carsin. Angelo viendrait-il la saluer ? L'aide, peut-être ? PÈRE Angelo, se fustigea-t-elle mentalement, un homme qui avait voué sa vie à Dieu et à son Église. Il s'agissait de ne pas l'oublier trop vite, quoique ça puisse vouloir dire dans sa petite tête d'écervelée. Tssss... Elle grimaça brièvement à l'instant où elle bifurquait devant e presbytère pour arriver sur le terrain communal derrière l'église. La grande échelle de bois était là, couchée dans l'herbe contre le mur, et elle savait qu'une grosse caisse d'outils l'attendait sous le porche avec un tas de tuiles. Soufflant et ahanant, elle redressa l'échelle contre le mur à l'endroit le plus bas du toit, puis fila chercher son matériel avant de commencer à grimper pour tout monter à portée de mains. Quelques minutes plus tard, sa veste ôtée et ses bretelles resserrées, elle arrachait des tuiles brisées et entamait la vérification du renfort. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Ven 8 Mar - 9:56 | |
| Angelo travaillait à son bureau, lorsqu'il entendit des bruits de travaux. Il se leva avec difficulté. La nuit dernière, il avait eu une violente poussée de fièvre, comme un rappel. Le jeune homme prit le temps de s'étirer et s'approcha de la fenêtre. Qui fut-il surpris de vois ? Un jeune garçon sur le toit. Enfin, une agile jeune fille plus sûrement. Il sourit, rajusta sa chemise et passa une veste.
- Perrine ! Tu mettras un couvert de plus pour ce midi. Roxanne sera là. Et je pense qu'elle aura besoin d'un bon bain chaud après avoir remis les tuiles du toit.
Le prêtre sortit. Il faisait bon, l'air était frais, lavé par les longues journées de pluie. Il allait pour saluer la jeune fille, mais il craignit de la surprendre dans son ouvrage. Aussi préféra-t-il s'installer sur un petit banc de pierre et attendre qu'elle l'aperçoive. Il sortit son livre de prières et en commença la lecture.
Un profond sentiment de bonheur envahit Angelo. La fin de la pluie, la douceur du soleil qui éclairait la ville, la douce chaleur qui le réchauffait. Un silence à peine brouillé par un lointain murmure, l'odeur de l'océan tout proche et calme. Les bruits cadencés du travail de l'acrobate aux yeux violets. Concentré d'abord sur son livre, l'esprit d'Angelo s'évada vers de lointains souvenirs plein de paix. Le soleil passa au-dessus du toit de l'église et le baigna dans ses rayons chaleureux. Les yeux fermés, il se souvenait de ses parents, de leur demeure, de son arrivée au séminaire. Il se souvenait des heures passés dans la bibliothèque, de la joie qu'il ressentait chaque fois que l'hiver partait. Le silence du cloître propice à l'écoute de la nature et à l'envol des pensées. Combien de fois le père supérieur l'avait surpris à rêver contre un pilier de pierre ? Oui, ici, il pouvait être libre de laisser son bonheur l'envahir sans qu'on ne le lui reproche. Un sourire éclaira son visage.
Dernière édition par Angelo Añada le Lun 11 Mar - 11:07, édité 1 fois |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Sam 9 Mar - 16:01 | |
| La sueur lui coulait dans les yeux à présent et Roxanne maudit une fois de plus ses cheveux longs qui, rassemblés sous le turban de toile hérité de ses campagnes sur le Razgriz, lui tenaient fort chaud. Elle essuya son front d’un revers de manche, rajusta une bretelle sur son épaule, puis acheva d’arracher la tuile fendue qui avait occasionné l’une des nombreuses fuites qui gouttaient dans la nef de l’église. Dessous, le doublage était humide mais pas trop endommagé, fort heureusement. Elle tâtonna encore quelques instants, s’assurant que tout était à sa place, puis remit une tuile neuve qu’elle ajusta avec soin à l’aide d’un maillet enveloppé de plusieurs épaisseurs de toile.
Le soleil était haut dans le ciel et midi devait être proche. Il allait être temps de s’arrêter et de faire un brin de toilette avant de rejoindre le presbytère. Pas question de se présenter sale et en sueur à la table du Père Angelo. Perrine en eut été affreusement choquée. Et puis, sans trop se l’expliquer – ou du moins sans chercher à analyser la raison profonde de ce désir – elle souhaitait ne pas être trop à son désavantage devant le jeune prêtre. Il était si gentil, il fallait dire ! Le poste chez les Carsin qu’il lui avait trouvé lui convenait à merveille.
Un dernier coup de maillet ajusta la tuile à la bonne place et elle décida que cela suffisait pour la matinée. Elle reprendrait après s’être rempli la panse. Rangeant les tuiles et les outils, elle accrocha la grosse besace de cuir dans son dos pour ne pas être gênée lors de sa descente, puis glissa le long de l’échelle comme un rien. Il fallait dire qu’une échelle sur la terre ferme, c’était aussi stable et aisé qu’un grand escalier de marbre pour elle qui avait fait si longtemps le singe dans les voilures du Razgriz. Elle était si souple et si agile que tout lui semblait facile quand il s’agissait de monter ou descendre par des voies périlleuses.
En bas, elle eut toutefois la surprise de tomber nez-à-nez avec le Père Angelo. Comment diable ne l’avait-elle pas vu approcher ni entendu ? Et pourquoi ne l’avait-il pas interpelée ? Sans doute pour ne pas risquer de la faire chuter en la surprenant… Quelle délicieuse attention ! Il était décidément d’une gentillesse exceptionnelle. Il semblait méditer paisiblement, offrant son visage aux premiers rayons de soleil de l'année. Et puis il ouvrit les yeux et la vit.
Maintenant, elle devait lui faire face avec son visage rouge et luisant, ses mains sales et ses vêtements en désordre. Mortifiée, elle baissa les yeux pour le saluer poliment, un petit sourire aux lèvres tout de même, comme toujours quand elle pensait à lui, et plus encore maintenant qu’elle l’avait devant elle.
- Bonjour, mon père. Je suis désolée, je ne vous avais pas vu. J’espère que ça ne vous dérange pas que je sois venue aujourd’hui, mais comme c’est le premier jour sec depuis la dernière fois, j’ai pensé que ce serait bien…
Elle savait bien qu’il ne pouvait pas avoir déjà reçu des nouvelles de l’évêque d’Assécia. Le courrier était assez long à distribuer dans cette province. Mais tout de même, elle avait le cœur gonflé d’espoir, elle ne pouvait s’en empêcher. Son père lui manquait affreusement, elle n’avait pas vu le prêtre depuis des jours et des jours, pas plus qu’Alexander très pris par ses affaires, et les Carsin étaient plus des employeurs que des amis, même s’ils étaient fort gentils. Aussi était-elle particulièrement sensible à l’espoir d’avoir enfin une heureuse nouvelle, en dépit de toute raison. Elle retint pourtant ses questions et évita de le regarder en face, songeant qu’elle devait ressembler à un chien en quête de caresses ou de nourriture.
- Je vais tirer de l’eau au puits pour me laver les mains et le visage avant de tout salir et de donner une belle frayeur à Perrine. Si vous voulez bien m’excuser…
Elle recula d’un pas, parut hésiter, un peu maladroite, puis fila ranger la sacoche d’outils et actionner la manivelle qui faisait remonter le seau du fond du puits. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Sam 9 Mar - 21:26 | |
| Angelo rouvrit les yeux et fut surpris de voir en face de lui les deux grands yeux violet. Roxanne l'avait surpris et il sentit le sang monté à ses joues. L'effort avait coloré son visage. C'était une très jolie jeune fille, simple, non apprêtée. Il ne sut que lui offrir son sourire. A son grand soulagement, c'est la jeune fille qui prit tout de suite la parole. Roxanne semblait aussi gênée que lui, même s'il ne comprit pas pourquoi. Elle n'avait certainement pas à rougir de s'être montrée si généreuse, en venant dès que cela fut possible, réparer la toiture de l'église. Par ailleurs, elle y avait mis du coeur. A ce rythme, l'église de Glénia pourrait recevoir l'évêque sans avoir honte et cela avant la fin du mois !
- Tu as très bien fait ! Quel travail tu as déjà abattu ce matin. Tu mérites une bonne récompense. J'ai prévenu Perrine que tu mangerais avec nous. Je rêvassais alors que tu travaillais si dur. Tu ne le répèteras pas, hein ?
Le jeune prêtre fut surpris de la distance que son invitée prit soudainement. Elle était très aimable, mais visiblement mal à l'aise et cela le peina. Il tenta de se raisonner : c'était sans doute l'absence de son père. Il était bien égoïste de croire qu'il avait réussis à la soulager de cette perte. Roxanne attendait avant tous des nouvelles d'Assecia. De quel droit pouvait-il s'incruster dans la vie de cette toute jeune fille ? Son devoir était d'aider les autres, pas de se lier à eux. Cette pensée brûlante lui traversa l'esprit et coupa net sa rêverie, son incurable rêverie. Angelo reprit ainsi contenance au fond de lui-même et lorsque son invitée se retourna pour puiser de l'eau, il se dirigea vers elle avec sérénité.
- Perrine a déjà préparé un bain chaud. Je me doutais que tu en aurais besoin. Tu rends à Glenia un grand service et à moi plus encore, il est normal que je te soigne.
Angelo posa une main chaleureuse sur l'épaule frêle et l'amena vers le presbytère. Roxanne lui paraissait si fragile, comme le jour de leur rencontre. Oui, le souvenir de son père ne devait pas la quitter et il ne pourrait jamais rien contre ça... à moins d'un miracle dans lequel il ne croyait pas. Il enchaîna avec bonne humeur :
- Il faut que tu me donnes de tes nouvelles ! Je suis impatient de connaître tes premières impressions de la vie à Glenia. Enfin, je veux dire, de ta nouvelle vie.
Et alors qu'il cédait le passage à la jeune fille pour qu'elle franchisse le seuil, le jeune prêtre pensa à la lettre envoyée à l'évêque.
Dernière édition par Angelo Añada le Lun 11 Mar - 11:07, édité 1 fois |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Dim 10 Mar - 21:56 | |
| Cette main, bon sang ! Cette main sur son épaule était si chaleureuse ! Si... Tendre. Elle en avait le feu aux joues. Et cette fois, elle bénit le ciel de l'avoir laissée rouge et transpirante après l'effort car son embarras passait ainsi inaperçu. Il avait pensé à elle ! Un bain chaud, un bon repas... Et sa compagnie ! C'était plus encore qu'elle n'avait osé espéré en revêtant ses frusques de jeune garçon ce matin-là.
Elle passa le seuil de la demeure du prêtre et rougit un peu plus en songeant qu'elle y serait bientôt nue. C'était la première fois de sa vie que des pensées lascives la traversaient ainsi et elle en eut honte. Elle l'eut du en tout cas, surtout que cela concernait un homme de Dieu et qu'elle se trouvait dans sa maison ! Oui, elle aurait du en être mortifiée ! Il n'y avait rien de honteux pourtant dans son expression quand elle offrit un sourire radieux à son guide, juste avant que Perrine prenne le relais pour la mener à l'office où attendait le baquet rempli d'eau chaude.
Docile - et un peu ailleurs car encore rêveuse - elle se déshabilla sans rechigner et s'assit dans le bain à la température parfaite. La gouvernante lui tendit un pain de savon parfumé et elle se lava là encore sagement et soigneusement, un curieux petit sourire rêveur aux lèvres. Quand elle fut couverte de mousse, Perrine la fit lever et versa sur sa tête les aiguières réservées pour la rincer.
Quelques instants plus tard, elle état assise devant le feu sur un petit tabouret, enveloppée dans un immense drap de bain, et la vieille dame lui démêlait les cheveux, les brossant avec application jusqu'à ce qu'ils soient secs et brillants. Elle semblait heureuse de prendre soin d'une jeune fille pour une fois, et Roxanne n'était pas du genre à s'en plaindre car personne ne s'était si gentiment occupé d'elle depuis fort longtemps. Enfin elle revêtit la chemise et la robe toute simple qu'elle avait emportées pour se changer au besoin, et elles purent passer à table, rejoignant ainsi Angelo dans la salle à manger.
- Pardon d'avoir pris tout ce temps pour moi, s'excusa la jeune fille en arrivant. C'est bien gentil à vous deux d'avoir ainsi songé à mes besoins...
Sagement assise, sa serviette sur les genoux, elle observait le Père Angelo à la dérobée, entre ses paupières frangées de longs cils noirs et fournis. Il était si... Si... Elle en perdait son vocabulaire. Et pourtant, le Seigneur savait qu'elle avait beaucoup étudié avec son père pour améliorer son langage !
- Encore une ou deux journées comme celle-là et le toit sera réparé. C'était pas des grosses fuites, juste qu'il y en a beaucoup...
Nulle vantardise là-dedans. En fait, elle cherchait plutôt à rassurer ses interlocuteurs, à leur garantir qu'elle ne serait pas trop dans leurs pattes. Et puis elle se souvint des questions du prêtre juste avant son bain et un sourire lui revint, large et ensoleillé, même si elle fixait son assiette de crainte de rougir encore.
- Je suis vraiment très heureuse du poste que vous m'avez trouvé auprès des Carsin. ils sont très gentils, vraiment. Quant à Glénia... Je ne peux pas dire que je la préfère à Assécia qui a ma prédilection pour le moment, mais c'est une ville plaisante et je m'y sens à mon aise... Avez-vous toujours vécu ici ? |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Lun 11 Mar - 13:44 | |
| Perrine n'attendit pas une minute pour lui enlever sa jeune invitée et Angelo se retrouva seul dans la la pièce centrale. Il mit du temps à accoutumer sa vision après son exposition à l'astre solaire. Pour s'occuper, il allait voir s'il pouvait surveiller quelques breuvages sur le feu, ou bien s'il devait mettre le couvert. Mais sa gouvernante était très organisée et il se retrouva désoeuvré. Tournant en rond, entendant les deux femmes dans la pièce à côté. Lui si serein, il se surprit à tourner en rond comme un lion en cage. Il n'y avait pourtant rien d'extraordinaire. Etait-il si impatient de revoir sa gentille garçonne ? Son esprit se heurta à un mur, comme s'il se retrouvait lui-même limité dans ses pensées.
- C'est bien la peine d'être si bien responsable et de se comporter comme un enfant, marmonna-t-il pour lui même.
Il s'appuya au chambranle de la porte d'entrée pour bénéficier encore de la chaleur du soleil. Il se surpris à penser qu'il allait sur ses 26 ans. Déjà. A quel âge était-il rentré au séminaire ? A 7 ans. Le jeune prêtre soupira. L'évêque avait cinq ans de moins que lui et vivait comme un prince. Qu'avait-il à se faire tant de mal aujourd'hui ? Avait-il déjà trouvé sa charge trop lourde ? Non. C'était même une libération pour lui. Quel âge avait Roxanne ? Elle paraissait très jeune. La première fois, il ne lui aurait pas donné treize ans. Pourtant, en y regardant de plus près, il était évident qu'elle n'était plus une si jeune fille. Perrine le lui avait dit, c'était plutôt une toute jeune femme qui devrait songer bientôt au mariage. Perrine, une femme pleine de bon sens. Les années s'étaient écoulées si vite pour lui. La jeunesse de Roxanne, son avenir encore entier... il sentit son coeur se serrer. Dix ans ... oui ça devait être ça. Une dizaine d'années qu'il n'était plus face à une feuille blanche prête à recevoir le récit de sa vie. Le père supérieur avait-il eu encore raison ? Angelo Añada resterait le fils de bonne famille qu'il était, chargé d'un héritage vainqueur de la foi. Il resterait ce garçon à l'orgueil prononcé, sûr de lui comme tout fils de famille influente. Ressemblait-il à ce point à l'évêque ?
Une dernière idée traversa encore son esprit, si cinglante qu'il retourna rapidement à l'intérieur comme s'il cherchait à fuir une vérité. Non, il était sincère dans sa démarche. Jamais il n'avait voulu prouver quoi que ce soit. L'amertume lui venait et il préféra s'asseoir à table et réciter en silence les prières qu'il connaissait si bien. Son calvaire prit fin. Et il se sentit soulagé. En voyant Roxanne, le jeune prêtre se confirma qu'elle était en effet plus âgée qu'il ne l'avait soupçonné. Ils s'installèrent tous à table. Angelo prononça les bénédicités et ils entamèrent le repas.
- Prends le temps qu'il te faut pour le toit. Tu es toujours la bienvenue ici. J'ai bien cru que les Carsin allaient te garder pour eux tout seul. Nous sommes heureux de te revoir et avec une aussi bonne mine.
- Je suis vraiment très heureuse du poste que vous m'avez trouvé auprès des Carsin. ils sont très gentils, vraiment. Quant à Glénia... Je ne peux pas dire que je la préfère à Assécia qui a ma prédilection pour le moment, mais c'est une ville plaisante et je m'y sens à mon aise... Avez-vous toujours vécu ici ?
- Et bien non ! répondit-il surpris qu'elle s'inquiète de son histoire. Je ne suis arrivé ici que l'année dernière. Je ... et bien ! Voilà une question qui me laisse sans voix, car on ne me l'a jamais posée ! J'ai toujours vécu de l'autre côté de l'océan. Et contrairement à toi, je n'ai connu pendant longtemps que le séminaire et un quartier de la capitale où ma famille habite. Ne te moque pas de moi, mais je n'ai eu le droit de sortir voir le monde qu'à mes quinze ans. J'étais curieux et terrifié. Puis j'ai eu envie de connaître le monde entier et j'ai prononcé mes voeux pour devenir missionnaire.
Il acheva son court récit par un sourire. Mais au fond de lui, Angelo priait pour se faire pardonner d'avoir si bien déguisé la réalité. L'homme était un être faible. Il avait eu assez d'orgueil ou de naïveté pour croire qu'il n'était pas susceptible d'en faire partie. Il venait de prouver ses propres limites. Derrière son sourire chaleureux, il cacha la morsure qu'il imposait à ses lèvres. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Mar 12 Mar - 21:51 | |
| Stupéfaite, Roxanne leva vivement la tête pour dévisager le Père Angelo qui lui annonçait qu'il n'était pas sorti de son cocon avant ses quinze ans comme s'il donnait le nom du plat qu'ils dégustaient.
- Mais... Comment avez-vous fait avant cela ? Je veux dire... Après aussi... Il y a tellement de choses à voir et à apprendre, comment vous avez pu tout rattraper ?
Elle rougit en se rendant compte qu'elle paraissait le juger alors qu'il n'en était rien. Murmurant un mot d'excuse, elle baissa les yeux vers son assiette et grignota une bouchée. Le malaise ne dura guère toutefois, car sa curiosité était la lus forte. Depuis qu'elle avait compris qu'elle pouvait demander pour obtenir les connaissances qui lui manquaient, elle était devenue insatiable. Pour un taiseux comme son père, c'était atroce car elle l'interrogeait sur tout et tout le temps. Mais peut-être Angelo - le Père Angelo, se morigéna-t-elle une fois de plus - n'en serait-il pas aussi incommodé.
- Comment est-ce l'Ancien Monde ? Est-ce très différent ? On dit qu'il y a des centaines de châteaux et que les gens sont obligés de se masquer le visage quand ils marchent dans les rues... On dit que le manque de modestie est puni de mort et que les marins n'ont pas le droit d'entrer dans les beaux quartiers, c'est vrai ?
La moitié de ces rumeurs étaient fausses et insensées, elle en avait pleinement conscience, mais il fallait tout de même poser des questions, tâter le terrain, découvrir, goûter, explorer, à commencer par la mémoire du jeune prêtre si affable. Et bel homme. Bel homme ? Voilà bien une pensée qui ne l'avait jamais effleurée auparavant concernant qui que ce soit. Pourtant, elle devait bien reconnaître que le Père Angelo était agréable à regarder et qu'elle se plaisait en sa compagnie, à l'interroger et à l'écouter. Sans doute parce qu'il était si gentil avec elle, pourquoi d'autre ? |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Mar 12 Mar - 22:22 | |
| La surprise qu'exprima Roxanne était si innocente et spontanée que le jeune prêtre eu du mal à se retenir de rire. Elle n'avait toutefois pas tort : il avait bien des choses à découvrir encore. Perrine lui lança un regard de mise en garde. Ce n'était pas très charitable de sa part. Mais il aimait beaucoup les moments passés avec son invitée sans qu'aucune retenue viennent réfréner la sincérité. Cela faisait rare.
- Tu n'as rien dit de vexant. J'ai encore bien des choses à découvrir et j'en suis heureux.
Le naturel enthousiaste de Roxanne revint bien vite et elle lui posa mille questions, qu'il eu bien du mal à comprendre. Il termina sa dernière bouchée et entreprit de répondre à la curiosité de la jeune demoiselle avec autant de précision que possible.
- Et bien, tout d'abord, rien n'oblige les gens à porter des masques ! Du moins, pas au sens propre. L'orgueil n'est pas puni de mort et les marins se perdent parfois dans les beaux quartiers. Mais ... l'Ancien Monde est chargé de son passé et l'on peut le ressentir. La colonie semble très jeune dans son fonctionnement.
Angelo tenta de rassembler quelques idées pour expliquer ce monde.
- Bien, il y a différents pays qui se touchent les uns aux autres. Les hommes ne parlent pas tous la même langue et chacun à un chef, un roi. Notre pays d'origine a découvert Fändir et cette terre lui appartient donc. Nous avons un roi. Il est entouré de nobles, de conseillers, de même qu'ici le gouverneur est entouré des familles les plus puissantes pour diriger la colonie avec le plus de justice. On trouve les mêmes sortes de personnes là-bas. Ce qui change ... les nobles aiment à jouer de leur influence. Ils cherchent à avoir toujours plus de pouvoir et d'argent. Et oui, dans leur sphère, on peut dire qu'ils portent un masque... au sens figuré. Ils masquent le fond de leur pensée. Ne les blâme pas tout de suite. L'Ancien Monde a des règles strictes : le fils aîné est l'héritier, le second entre dans les ordres religieux dès son plus jeune âge, et les autres fils rentrent dans l'armée. Les filles n'ont pas le droit de choisir leur mari. Chacun doit tenir son rang et aucune protestation n'est acceptée. C'est sans doute pour cela que là-bas, on cherche à se libérer par des jeux de pouvoir. Ici, la bienséance est la règle, mais les hommes sont plus libres de s'épanouir.
Perrine s'était levée et débarrassait déjà la table, sans un mot. Femme sûre qui savait garder sa langue de remarques déplacée. Angelo offrit un sourire à Roxanne pour atténuer l'amertume que pouvaient trahir ses paroles. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Mer 13 Mar - 9:54 | |
| Bien loin de blâmer les nobles décrits par le Père Angelo, Roxanne se surprit à les prendre en pitié.
- Oh... Comme ils doivent être tristes et malheureux..., soupira-t-elle, sincèrement compatissante. Comme ce doit être désespérant de ne pouvoir faire ses propres choix, de devoir suivre une destinée toute tracée sans s'en écarter et ce même si elle ne vous convient pas...
Elle prit le temps d'y réfléchir un petit moment, mordillant sa lèvre inférieure dans un geste machinal inconscient, puis réalisa soudain que Perrine débarrassait et qu'elle-même ne faisait rien. Se levant promptement, elle se mit à empiler les assiette souillée et les couverts tout en poursuivant, son sourire revenu.
- Est-ce que cela signifie que vous êtes le frère cadet ? Vous avez un frère aîné ? En avez-vous d'autres ? Et des soeurs ?
Elle était terriblement indiscrète cette fois, mais comme avec son père, elle n'était poussée que par une saine curiosité et poursuivait sur sa lancée jusqu'à ce que son interlocuteur mette le hola quand elle dépassait les bornes. Elle se rendit compte un peu tard qu'elle n'avait pas pris en compte la possibilité que le Père Angelo ne fusse pas d'une famille où les rôles étaient aussi définis. Peut-être était-il d'une famille modeste et avait-il embrassé la carrière religieuse par goût et par foi. D'ailleurs n'était-ce pas ce qu'il lui avait dit juste avant ? Il s'était fait missionnaire pour découvrir le monde.
- Pardonnez-moi, j'ai parlé sans réfléchir, se reprit-elle donc. Sa mortification ne dura guère toutefois puisque le flot ininterrompu de ses questions recommença bientôt. Y'a-t-il beaucoup de ces pays ? Et ici, n'y avait-il donc personne avant ? Qu'est-ce que c'est une colonie ? Comment ça se fait qu'on soit rattachés à une contrée aussi lointaine alors qu'il y a tant de territoires inexplorés autour de nous ? Peut-être même y'a-t-il un autre roi que nous ne connaissons pas encore et qui nous conviendrait mieux car il serait plus près et connaitrait notre pays... Le gouverneur c'est comme le roi ? Mon père m'a expliqué les rangs des officiers de marine mais il paraît que certains ont jamais vu la mer, c'est vrai ?
Elle reprit son souffle et se remit à dévisager le jeune prêtre, prête à continuer de boire ses paroles avec la même avidité que précédemment. Elle avait encore tellement de questions en réserve ! |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Dim 17 Mar - 16:45 | |
| Roxanne n'avait sans doute pas pensé à mal en parlant. Elle avait réellement de la peine pour ses garçons qui ne choisissaient pas leur vie. Elle était parfois si innocente... Elle qui avait vécu si libre, troquant même ses habits de fille pour ceux d'un garçon, ne pouvait sans doute pas percevoir combien il fallait d'éducation et d'honneur pour accepter ce sort. Elle pouvait pas savoir que toute la société était imprégnée de ces coutumes que l'on ressentait de plus en plus archaïques. Mais personne ne cherchait à changer cet ordre des choses.
- Oui, tu as bien deviné. Je suis le fils cadet de ma famille. J'ai un frère aîné, bien sûr, un petit frère et deux petites soeurs. L'une d'elles s'est mariée juste avant que je parte pour Fändir.
Mais, Angelo ne put savoir si Roxanne avait prêté réellement attention à ses paroles, car elle avait froncé ses sourcils et détourné ses yeux, comme si elle réfléchissait à un point important. Peut-être avait-elle remarqué que ces propos pouvaient s'appliquer à lui. Le jeune prêtre ne voulait surtout pas la mettre mal à l'aise. Aussi, quand elle enchaîna sur une liste de question, prit-il le temps d'y répondre du mieux qu'il put pour satisfaire son appétit de connaissance.
- Que de questions ! Je te propose de passer plus de temps dans ma bibliothèque. Tu y trouveras des livres et des cartes qui t'apprendront un peu plus le monde. Mais je dois répondre à ta curiosité. Oui, il y a beaucoup de pays. Certains sont tout petit, d'autres très vastes. La terre de Fändir appartient à royaume d'où je viens, car c'est un homme de ce pays-là qui l'a découvert. C'est pour le roi et la reine qu'il a découvert de nouvelles terres. Aussi, ces nouvelles terres appartiennent aux monarques. C'est un peu complexe. Les livres te feront mieux comprendre tout ça. Mais tu dois savoir que Fändir n'était pas désert. Il existait, enfin il existe toujours à mon avis, des indigènes. Ce sont des hommes ... que notre monde a considéré être sauvages, moins évolués. Ils ont été décimés petit à petit. Puis, un jour, on n'en a plus vu. Il lui sourit et reprit rapidement, car il sentait qu'elle allait approfondir la question.
- Tu en sauras plus dans les livres. Mais je peux te dire que ces peuples sauvages vivent toujours. Je crois qu'ils habitent au nord de Glénia, au-delà de la profonde forêt. Et non, je ne pense pas qu'ils soient dangereux. Pas plus que nous.
Angelo vit bien que cela n'était pas suffisant comme réponse, mais il ne pouvait tout de même reprendre toute l'histoire ! Aussi demanda-t-il à Roxanne de lui rappeler ses dernières questions. Oui, les officiers qui obtenaient une charge... sans le mériter. Encore un sujet bien délicat.
- Dans notre système, il y a parfois des abus. Les nobles, les riches, se sentent supérieurs et autorisés à tout. C'est pour ça que certains officiers, fils de bonne famille, ont payé bien cher en or pour obtenir une charge d'officier, sans avoir vu la mer. On peut bien sûr leur reprocher, mais je crois qu'il est mieux de les plaindre. Lorsqu'ils seront en mer, ils se mordront les doigts d'avoir acheté leur charge sans connaître les risques de la mer. Ils sont bien assez puni de leur arrogance par la nature.
On frappa à la porte alors qu'il parlait encore. Perrine, qui lavait déjà les assiettes, s'essuya les mains dans son tablier et alla ouvrir. Elle échangea quelques paroles avec le visiteur. Ce dernier ne semblait pas pouvoir s'arrêter, car Angelo le vit remonter à cheval et partir au triple galop. Perrine lui apporta un pli portant un sceaux qu'il n'espérait pas voir si tôt.
- L'évêque, dit-il seulement et décacheta la lettre.
La surprise se dessinait sur son visage au fur et à mesure qu'il lisait la missive du prélat. S'il avait bien compris l'urgence de la requête de Roxanne, il n'avait pas pu faire encore assez d'investigation. Sa lettre avait un tout autre objet qui ne pouvait attendre, et pour cause...
- Le gouverneur a été assassiné ! Il y a tout juste une semaine. Voilà qui est inquiétant. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Jeu 27 Juin - 21:40 | |
| L'arrivée d'un courrier à cette heure et en exprès était rarement synonyme de bonne nouvelle, songea Roxanne. Mais d'où diable lui était venue cette idée ? Ce n'était certes pas avec Raven qu'elle avait pu acquérir cette expérience... Quoique, logée sur le Razgriz où elle était engagée comme matelot, elle avait eu l'occasion de voir arriver et repartir parfois ces cavaliers qui transmettaient des ordres ou des informations urgents. Quoiqu'il en soit, elle avait pâli malgré elle en comprenant que cette lettre précipitée venait de l'évêque. Et s'il annonçait la mort de son père ?
Le couperet tomba et le soulagement fut à la hauteur de ses angoisses. Ou presque. Le gouverneur Sadovski, se souvenait-elle, était un homme généreux qui avait favorisé l'avancement d'hommes volontaires et expérimentés comme son père. Raven lui avait souvent parlé de lui en bien, soulignant combien il entretenait de bonnes relations avec le palais à Assécia. Non pour se vanter, ce n'était absolument pas son genre, mais plutôt pour lui inculquer le respect de la hiérarchie et du pouvoir.
Une pensée brutale la glaça soudainement. Et si son père avait été avec lui au moment de son assassinat ? Et s'il était mort, lui aussi ?! Mais non, elle délirait... Le gouverneur n'avait été assassiné qu'une semaine avant, alors que son père avait disparu depuis plusieurs mois. S'il avait été auprès du gouverneur, il ne l'aurait pas laissée seule et sans nouvelles.
Elle se signa et formula dans sa tête une rapide prière pour le repos de l'âme du pauvre Winston Sadovski qui avait au moins la chance d'être à présent dans un monde meilleur où ses péchés seraient absous et son âme récompensée. Sans être livide, elle restait un peu pâle. Elle se tamponna la bouche de sa serviette puis but un peu du clairet que le Père Angelo lui avait servi au cours du repas. Ce n'était pas assez fort, évidemment, mais ça convenait sans doute à une jeune fille bien élevée.
- A-t-on idée de qui a pu commettre cette atrocité ? Demanda-t-elle doucement quand elle se fut suffisamment reprise.
Ses grands yeux lavande fixaient le jeune prêtre avec autant de candeur que de maturité. Grandie trop vite, blessée par la vie et blasée par les hommes, elle n'en restait pas moins d'une naïveté étonnante sur bien des sujets, du fait notamment de sa grande ignorance. Elle en avait conscience depuis que Raven l'avait adoptée et tentait par tous les moyens de corriger ce qui était un affreux défaut à ses yeux. Comment survivrait-elle si elle restait illettrée et ignare ? Son père ne serait pas toujours là - la preuve puisqu'il avait prématurément disparu - et elle ne trouverait sans doute jamais d'époux avec un passé tel que le sien. Elle devrait donc s'assumer indépendamment des hommes autant que faire se peut.
Plus bouleversée par la nouvelle qu'elle n'eut su l'exprimer, elle restait sur sa chaise de crainte de s'agiter si elle se mettait debout. Il ne lui restait qu'Angelo - Père Angelo, soufflait la voix insidieuse dans son esprit - comme repère dans la tempête qui s'annonçait. Car de grands bouleversements allaient se produire sans le moindre doute. La colonie ne pouvait fonctionner sans son gouverneur, cela elle l'avait compris. Aussi un nouveau devrait-il être nommé par leur Roi. En attendant, ils seraient à la merci de l'anarchie et des gens ma intentionnés. Pas question de se laisser faire ! Ni de laisser quoi que ce soit atteindre le jeune prêtre qu'elle admirait si fort et sa douce servante. Dut-elle monter elle-même la garde toutes les nuits, elle ne laisserait pas les brigands envahir son havre de paix.
- Que devons-nous redouter ? L'interrogea-t-elle finalement plutôt posément, empêchant son esprit de battre la campagne plus longtemps. Son imagination s'emballait parfois, elle ne l'ignorait pas, et devait apprendre à se dominer au lieu de se laisser aller à ces songeries inutiles.
Dernière édition par Roxanne Morlame le Jeu 1 Aoû - 9:23, édité 1 fois |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Ven 19 Juil - 10:02 | |
| Angelo connaissait assez bien l'histoire de la colonie, mais il ne se souvenait pas qu'un gouverneur ait été assassiné depuis la disparition des indigènes. Par ailleurs, le gouverneur Sadovski avait une bonne réputation et cela même au-delà des mers. La colonie n'était pas encore empreinte de toutes les manigances de l'Ancien Monde. Mais si certains avaient eu pour ambition de prendre sa place, le jeune prêtre ne l'aurait pas su. Il n'avait pas pu s'entretenir avec l'évêque et l'église de Glénia ne lui laissait aucun répit. C'était heureux que l'évêque l'ait prévenu par un exprès.
- Qui ? Je ne sais pas Roxanne. Il y a bien des raisons pour assassiner un gouverneur. Il pourrait s'agir d'un pirate, d'un homme trop ambitieux, d'une simple personne ayant quelque chose à lui reprocher. Pourquoi pas même un indigène. Il pourrait s'agir d'une femme jalouse...
Le seigneur Jaminez n'avait donné aucune explication. Il aurait pourtant du être au courant. Rien ne semblait échappé à cet homme qui s'intéressait plus au monde qu'à la prière. Le jeune prêtre sourit en entendant la dernière question de Roxanne.
- Avons-nous quelque chose à craindre ? Oui, la colère divine !!! Allons, ne te sens-tu pas en sécurité ici ? Glénia est assez éloignée de la capitale pour ne pas redouter de troubles. Mais si tu t'inquiètes de la situation politique, ne crains rien : le gouverneur n'est pas la seule personne gérant la colonie. Il a près de lui des ombres et un vice-gouverneur. Les affaires continuent. Un gouverneur est remplaçable. Il ne nous reste plus qu'à l'attendre. Cette nouvelle devrait arriver dans un mois aux oreilles du roi qui nommera un nouveau gouverneur. Nous irons l'accueillir quand il arrivera.
Angelo appela Perrine et lui demanda du papier et de l'encre qu'elle apporta rapidement. Sans perdre un instant, il écrivit quelques lignes à l'intention de l'évêque. Il cacheta le pli avec la cire amenée par sa gouvernante.
- Il faudra trouver une personne pour se charger de l'église de Glénia pendant mon absence. Pourras-tu demander à Daniel d'en informer le père Arnaud ? |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Jeu 1 Aoû - 10:01 | |
| Quelque peu rassérénée par les paroles du Père Angelo, Roxanne hocha lentement la tête. Elle restait néanmoins pensive et inquiète de tous ces bouleversements en cours et à venir. Le prêtre annonça alors son intention d'aller accueillir le nouveau gouverneur à Assécia ce qui lui fit brusquement relever la tête, les yeux brillants. Même si elle aimait beaucoup Glénia et son calme, son emploi chez les Carsin et ses liens avec le Père Angelo et Perrine, elle n'en était pas moins impatiente de retourner à la capitale.
Elle avait à présent acquis la certitude que son père n'avait pas disparu ici mais bien tout près de chez eux, peut-être même sur le chemin du retour. Avait-il voyagé par terre ou par mer ? Son navire avait-il été la cible de pirates ? Ou son convoi celle de bandits de grand chemin ? Son cadavre gisait-il au fond de l'océan ou dans un quelconque fossé loin de tout ? Non, elle ne pouvait se résoudre à le croire mort. Elle devait garder espoir et continuer ses recherches. En retournant à Assécia, elle aurait l'occasion de s'entretenir de nouveau avec l'avoué en charge des affaires de Raven, avec l'évêque Jaminez aussi peut-être... Peut-être même le Père Angelo accepterait-il de mener ces entretiens avec elle, car elle savait bien que la voix d'une femme, d'une jeune fille célibataire de surcroît, n'avait pas grand poids en ce monde.
Soudain agitée, elle sentait son coeur battre à grands coups désordonnés dans sa poitrine. Toutes ces émotions violentes l'oppressaient fortement, même en l'absence de l'inconfortable corset qu'elle était pourtant supposée porter toujours sous ses robes. Un peu étourdie, angoissée, elle porta une main à sa poitrine et se força à souffler lentement et profondément. C'était comme si un affreux pressentiment l'avait étreinte, comme si une main glacée s'était refermée sur son coeur et l'avait serré jusqu'à la rendre malade. Une nouvelle gorgée de clairet acheva de la calmer, mais elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. Il lui fallut à nouveau quelques minutes pour apaiser son esprit qui s'était remis à battre la campagne. Enfin elle releva un visage pâle mais déterminé et hocha la tête.
- Je peux nous trouver un navire marchand qui nous mènera à Assécia en quelques jours pour peu de frais. Je peux voyager en femme puisque vous faites un parfait chaperon, mais je peux aussi reprendre ma vêture de marin et payer ainsi notre traversée en m'engageant comme matelot le temps de la traversée...
Elle n'avait absolument aucune conscience de l'inconvenance de ses propos. Pour elle, rien n'était plus naturel que de se servir de la tenue qui serait la plus utile et la plus rentable au cours de ce voyage. Même si elle savait bien qu'il n'était pas très convenable de se travestir en homme, elle l'avait fait si longtemps sans conséquences fâcheuses qu'il lui eut semblé idiot de ne pas se servir d'une telle opportunité. Et puis de toute façon, elle n'avait pas accès à l'argent de Raven et le peu gagné auprès des Carsin payait son hébergement et sa nourriture.
Elle avait hâte à présent de retourner dans la ville qui l'avait vue naître - du moins le croyait-elle. Elle se sentait chez elle dans cette grande cité portuaire dont elle connaissait mieux que personne chaque coin et recoin. Et puis, il fallait reprendre la piste laissée par son père adoptif. Ou bien le faire déclarer mort pour toucher son héritage et trouver un homme d'affaires qui ne la traiterait pas en imbécile inculte mais lui permettrait de vivre à sa guise et raisonnablement avec le petit pécule laissé par Raven.
- Je vais finir de réparer le toit avant la fin du jour. Ainsi nous pourrons partir aussitôt qu'un navire pourra nous accueillir pour la traversée...
Tout émoi amoureux avait disparu de ses prunelles comme de son attitude. La nouvelle avait jeté une douche glacée sur ce repas, sur cette journée, mais aussi sur sa vie toute entière. Elle ne pouvait pas se laisser aller à des rêveries imbéciles et sans espoir alors qu'elle devait lutter pour survivre dans un monde dominé et dirigé par des hommes aussi intransigeants que peu scrupuleux. Des hommes et des femmes, songea-t-elle soudain en se remémorant l'étrange catin rencontrée au-dessus du port à Assécia et qui lui avait infligé un insupportable baiser, la prenant pour une jeune adolescent intimidé.
La fille du commerçant avec la caravane du quel elle était venue à Glénia sous les traits de son propre cousin l'avait embrassée elle aussi, mais ç'avait été un effleurement très léger, timide et chaste, qu'elle n'avait eu aucun mal à repousser gentiment et à oublier. Il lui vint brusquement à l'esprit qu'elle était apparemment plus séduisante sous son costume masculin que sous les traits de la jeune fille qu'elle était et en conçut une inexplicable déception mêlée d'un amusement désabusé.
Hommes et femmes étaient également volages autant que dangereux pour elle. Elle ferait aussi bien d'oublier toute velléité de vie conjugale et de se concentrer sur ce qui importait : son avenir à nouveau bien incertain. Pourquoi cela la dérangeait-il tant à présent ? Raven l'avait mal élevée en lui retirant cette insouciance du futur qu'elle avait autrefois en vivant seule dans la rue. Mais elle ne se laisserait plus prendre au piège à présent qu'elle était avertie. Reposant sa serviette sur la table, elle se leva pour débarrasser le couvert sans réussir à croiser le regard du prêtre dont elle partageait le repas. Sa réflexion n'avait duré qu'une poignée de secondes mais avait amené une inexplicable mélancolie dans son coeur.
- Vous pourrez loger chez mon père à Assécia, affirma-t-elle pourtant bravement en pointant un menton volontaire. La voisine pourra m'accueillir pour ne pas froisser les convenances. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Jeu 1 Aoû - 21:28 | |
| Si la proposition de Roxanne était généreuse, elle vexa fort le jeune prêtre qui se renfrogna rapidement. La perte du gouverneur n'était pas une bonne nouvelle, mais les rouages du pouvoir broyaient parfois des vies. En revanche, l'empressement de la jeune fille à rejoindre la capitale le froissa. Et les propos qu'elle enchaînait, n'arrangèrent en rien son brusque changement d'humeur.
- Eh quoi ? Tu veux déjà partir ? Le nouveau gouverneur ne sera pas ici avant quelques mois !
Le regard courroucé de Perrine lui fit comprendre qu'il avait été trop brusque. Bien sûr qu'elle pensait à la capitale ! Elle recherchait son peur et elle était jeune. Elle était impatiente. Angelo aurait dû le comprendre et il serra les poings.
- Pardonne moi. Oui, le bateau sera sans doute le meilleur moyen de nous rendre à Assecia, mais... je te prierai de ne pas te travestir. Et Perrine devra rester avec toi. Une jeune femme ne peut pas voyager seule ... et surtout avec un prêtre.
Le jeune homme soupira et s'installa sur le rebord de la fenêtre pendant que sa femme de charge s'occupait de préparer du café. La ville semblait endormie sous le soleil bienfaiteur. Oui, Assecia. Son envie de s'y rendre était mitigée. Il se devait d'aller saluer le futur gouverneur, moins en tant que prêtre qu'en tant que fils des Añada. Et effectivement, il ne pouvait laisser sereinement Roxanne partir seule à la capitale. Elle ne pourrait pas faire entendre sa voix. Si elle s'était retrouvée à Glenia, seule, sans réelle protection, c'était bien la preuve qu'elle n'avait personne pour veiller sur elle. Lui-même ne serait pas toujours là. Seulement une aide venue de Dieu. C'est bien ainsi qu'il le voyait.
- L'évêque me logera. Il serait très mal vu que j'habite chez des inconnus. C'est à toi de loger chez ton père. D'ailleurs, les mois qui passeront permettront sans doute au seigneur Jaminez de faire la lumière sur ton affaire. J'ai bon espoir que tout sera réglé alors. Tu n'auras donc pas de voyage supplémentaire à faire.
Perrine apporta une tasse de café brûlant. Angelo souffla dessus avant d'en prendre une gorgée. Il était fort et corsé. Très bon, mais ça le rendait plus nerveux.
- Prends ton temps pour le toit. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose par trop d'empressement ou de fatigue. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Lun 19 Aoû - 12:18 | |
| Bien plus bouleversée qu'elle ne voulait bien le laisser paraître, Roxane affichait à présent cette mine butée et renfrognée qui était la sienne si souvent à bord du Razgriz. Elle y dissimulait tout ce qui menaçait de près ou de loin le fragile équilibre qu'elle s'était créé, pêle-mêle : peur, sentiments, féminité, doute... Derrière le masque de sale gosse, elle était protégée. C'est là aussi qu'elle cacherait son tout premier chagrin d'amour même si elle ne l'avait évidemment pas identifié en tant que tel. Cette étrange mélancolie, cette brûlure intérieure qui lui donnait envie de crier à l'injustice et les larmes qui piquaient ses paupières, tout cela disparaissait dans une bouderie rassurante. Ça lui permettrait aussi de finir cette conversation avec Angelo - le Père Angelo ! Cria encore une fois la voix dans sa tête - sans fondre en larmes.
- Ça prendra sûrement quelques semaines pour trouver une barcasse assez grande pour tous nous transporter de toute façon, rétorqua-t-elle en haussant les épaules. Et puis le voyage est long.
Elle boudait, pour sûr, et jouait la mule têtue, mais elle savait bien qu'il avait raison et qu'il ne servait absolument à rien de se précipiter. Elle avait été si enthousiaste en pensant retourner à Assécia - surtout avec Angelo ! - qu'elle en avait oublié toutes les contingences matérielles. Ou presque. Ce qu'elle oubliait certainement à force de bouder cependant, c'était son élocution posée et ses leçons de grammaire.
- Pourquoi que ce serait pas correct de voyager avec un prêtre ? S'étonna-t-elle en grommelant de mécontentement.
Les gens étaient si prompts à imaginer le pire ! Comment qui que ce soit pouvait-il douter de la droiture du gentil prêtre de Glénia ? C'était tout simplement scandaleux. Dans cette affaire, elle-même ne comptait pas vraiment. Elle n'avait pas de réputation à sauvegarder, songeait-elle en contradiction avec son comportement exemplaire de ces derniers mois. Une fille de la rue n'avait rien à sauver, rien à prétendre, aucune fierté. Un prêtre en revanche, quelqu'un d'aussi droit et humble que le Père Angelo, avait une réputation et un nom à préserver. Sans doute valait-il mieux qu'on ne le voit pas avec elle. Ne lui avait-il pas dit qu'il était d'une bonne famille ?
D'après lui, tout serait réglé quand ils seraient dans la capitale. Pouvait-elle vraiment l'espérer ? Et surtout : le désirait-elle vraiment ? C'étaient ces soucis qui l'avaient menée à Glénia et chez Angelo après tout. S'ils prenaient fin d'une manière ou d'une autre, elle n'aurait aucune raison de revenir ici et lui n'aurait d'autre choix au contraire que de quitter à nouveau Assécia. Mais enfin, martelait cette méchante voix dans sa tête, qu'est-ce que ça peut bien faire puisqu'il est prêtre et toi rien ? Elle devait cesser de croire que la vie lui ferait de tels cadeaux, cesser de croire qu'elle pouvait connaître le bonheur, et cesser de fonder de faux espoirs sur un lien impossible et contre-nature. Car pour la première, elle s'avouait, à demi-mot et très très bas dans le secret de son coeur, qu'elle aurait aimé approfondir cette relation, comprendre ce qui la bouleversait tant et profiter de chaque seconde de ce trouble délicieux.
- Je finirai de réparer le toit cet après-midi si je peux, répéta-t-elle pour oublier les pensées qui risquaient de la faire rougir. Sinon dimanche prochain. Et d'ici là, la Capitainerie en saura peut-être plus sur les transports prévus dans les prochaines semaines.
Voilà, c'était tout. Elle ne devait ni s'attarder, ni rien souhaiter d'autre que cela. S'en tenir à ce qui était convenu, à ce qui était convenable. Tout le reste disparaitrait dès qu'elle poserait le pied à Assécia, ou presque, alors à quoi bon s'en rendre malade. De la discipline, ordonnait-elle à son pauvre coeur malmené et battant de manière erratique. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Ven 6 Sep - 10:19 | |
| La jeune fille n'avait visiblement pas apprécié ses propos, mais Angelo n'en saisit pas la raison profonde. S'il comprenait son désir de connaître la vérité concernant son père, son manque de recul et de calme le surprenait. Devait-il lui faire prendre conscience de la situation au risque de s'emporter ? Ou bien allait-il la laisser dans son idée fixe, sachant pertinemment que les choses se dérouleraient comme il le devinait ? Mais la dernière question qu'elle posa lui évita de choisir. Pourquoi était-ce mal de voyager avec un prêtre ? La question était si naïve que le jeune prêtre manqua s'étouffer de rire. Roxanne pouvait se montrer très mature, mais certaines fois... Diable ! Comment expliquer à une jeune fille qu'un homme de Dieu ne pouvait pas se montrer en public en compagnie constante avec une femme ?
- Roxanne, je me suis mal exprimé : un homme de Dieu ne peut s'afficher en public avec une femme. Cela pourrait prêter aux commérages. L'avis que l'on peut avoir de moi m'importe peu, mais ta réputation doit être irréprochable dans ta situation actuelle. Je serais vraiment peiné de te causer du malheur.
Mais il était déjà peiné de la voir réagir si mal à cette discussion. Angelo avait été surpris de son envie pressante de quitte Glénia. Malgré ses efforts, il n'avait visiblement pas répondu à ses attentes. Ou bien, s'attachait-il trop à ceux qu'il rencontrait... et c'était cruel de sa part, car il savait qu'il retournerait dans sa paroisse. Là était sa mission.
- Prends le temps qu'il te faudra pour le toit, ne va pas te rompre le cou en te pressant. Et j'aimerais encore te demander une chose : aie confiance en moi. Tu ne trouveras pas les réponses que tu attends, si tu agis trop vite.
Roxanne le fixait de ses grands yeux violets et le jeune prêtre se retint d'ajouter un geste tendre à ses paroles qu'il voulait réconfortante.
- Je dois répondre à cette missive et préparer un futur départ. Tu es la bienvenue à table ce soir, si tu le souhaites. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Ven 6 Sep - 11:59 | |
| Roxane faillit se mettre à rire devant la réponse d'Angelo. Préserver sa réputation, quelle idée ! Elle n'en avait pas et n'en aurait jamais. Quoi qu'elle fasse ou dise, il y aurait toujours quelqu'un pour se souvenir qu'elle avait un jour été une gamine des rues, quelqu'un qui se rappellerait de son visage comme de celui de la petite voleuse qui sévissait au marché et se nourrissait de charité ou du fruit de ses menus larcins. Oui, quoi qu'il advienne, où qu'elle aille, elle n'échapperait jamais à son passé. Cette pensée désespérante lui était venue elle ne savait trop comment mais ne la quittait plus. Sa belle humeur était devenue plus sombre que jamais.
- Vous ne pourriez pas me causer de malheur, quand bien même vous le désireriez, rétorqua-t-elle donc en haussant les épaules de ce geste impoli qui marquait son humeur renfrognée. Savait-elle qu'elle venait de lui faire là un beau compliment et presque une déclaration ? Sans doute pas. Je n'ai pas de réputation à sauver et les gens sont des idiots par dessus le marché !
Voilà qu'elle s'emportait à présent. Seigneur ! Ne voyait-il pas qu'elle était sur le point de pleurer ? Elle avait besoin de crier et de casser quelque chose, de toute urgence. il fallait évacuer cette fureur et cette frustration avant qu'elle se mette à débiter des sornettes. "Aie confiance en moi". Ne voyait-il pas combien c'était douloureux de devoir vivre avec ces choix qui n'en étaient pas, ces sentiments incompréhensibles même pour elle, ces incertitudes et ces barrières inviolables que leur imposait la société ?
Pourtant déjà, elle s'efforçait de se dominer, de ne pas exploser, de juguler sa colère et sa frustration. Avait-il seulement la moindre idée du pouvoir immense qu'il détenait sur elle pour réussir ainsi à lui faire admettre des choses et à la calmer d'une simple phrase qui eut d'ordinaire mit le feu aux poudres ?
- Désolée. Je ferai attention.
C'était le mieux qu'elle pouvait faire compte tenu des circonstances. Elle n'arrivait plus à le regarder à présent mais restait obstinément de dos malgré la grossièreté de cette posture. Voulait-elle partager son souper ce soir ? Sans le moindre doute, mais en même temps elle allait en souffrir, elle le savait déjà. Voilà encore ce dilemme insoluble, ce déchirement qui n'allait plus la quitter. Vaincue pourtant par son désir profond de plaire, d'être aimée et surtout de ne pas faire de peine au jeune prêtre, de le rendre fier d'elle, elle hocha la tête.
- J'serai à l'heure.
Là encore, c'était le mieux qu'elle pouvait faire. Elle sortit précipitamment, ramassa sa tenue de travail et l'enfila promptement dans l'office sans se soucier d'être vue ou non. Elle n'était plus concentrée sur le pudeur ou les bonnes manières mais obnubilée par une seule chose. Ou plutôt un seul être. C'était terrifiant. Et dangereux. Elle devait faire le deuil de ces émotions qui l'entravaient. C'est donc en pleurant qu'elle remonta sur son échelle et rampa sur le toit de l'église. Une fois en place, elle essuya ses yeux d'un revers rageur puis se mit à cogner de son outil pour déloger quelques matériaux pourris encore coincés dans la toiture. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Ven 6 Sep - 12:45 | |
| Bien que boudeuse et vindicative, Roxanne s'était finalement calmée, ce qui soulagea le jeune prêtre. Il ne manquait pas de patience, mais il aimait être obéis. Il la laissa donc retourner à son ouvrage et monta quant à lui dans son bureau où il entreprit d'écrire une nouvelle lettre à Diego Jaminez, ainsi qu'à un des armateurs de la ville qui était au service de sa famille. Une lettre adressée à son père devait partir dès que la mer serait propice. Alors que les coups de marteau donnés par la jeune assecienne retentissaient de nouveau, on frappa et la porte s'ouvrit.
- Mon fils, ce n'est pas correct ce que vous faites avec cette pauvre fille.
Perrine le regardait sévèrement, les mains sur les hanches, campée sur le pas de la porte. Angelo posa sa plume, étonné que sa femme de charge parle lui parle si durement.
- Je ne comprends pas ce que tu veux dire Perrine. Je l'aide seulement à retrouver sa place. Il n'y a pas de mal. Elle ne loge même pas ici et nous la voyons que très peu. Et puis, d'ici trois mois elle retrouvera définitivement Assecia. Elle n'a que ce but-là, tu as bien entendu comme moi ! Non vraiment je ne vois pas ce que tu as à redire à ma conduite. Si tu me trouves trop généreux envers une personne que je ne connais pas... et bien ça a toujours été le cas. Roxanne n'est qu'une brebis parmi les autres que j'aide en tant que pasteur.
- Oui oui oui, je vous entends bien. Mais votre aide la rend malheureuse et .... elle est bien jolie vot' petite brebis cette fois. J'ai beaucoup d'expérience et je vois bien comment vous la regardez la petite et...
- PERRINE !
La colère avait envahie Angelo sans qu'il y puisse rien y faire. Ce que pouvait sous-entendre la vieille femme le mettait hors de lui. Il s'était levé d'un bond, renversant la chaise, les poings serrés.
- Je t'interdis de dire cela. M'as-tu déjà vu en compagnie de femmes ? Non. Roxanne n'en est même pas encore une. Elle est si naïve et perdue. Devrais-je m'excuser de vouloir la protéger, moi qui suis prêtre et qui n'ai donc aucune concupiscence à son égard ?
- Pourtant vous la regardez ! répondit Perrine en tenant tête.
- Quelle impertinence ! siffla-t-il entre ses dents. J'ai prononcé des voeux et...
- et tout le monde sait que ces voeux ne sont pas vraiment respectés ! Même dans les plus hautes sphères de l'Eglise.
- Cela suffit ! Que me reproches-tu ? D'apprécier sa compagnie ? Oui, elle apporte un peu de lumière et de gaieté par ici. Ne restes-tu pas en admiration devant certains couchers de soleil ? Et bien c'est un peu la même chose. Je l'admire comme un bel enfant de Dieu.
- Dans ce cas vous allez la rendre malheureuse.
- Allons Perrine, dit-il en se radoucissant. J'ai au moins 10 ans de plus qu'elle ! Et tu ne vois pas ? Je suis prêtre ! Ah ! Voilà maintenant que je ne souhaite qu'une chose : que tout cela passe. J'ai prévu de partir en mission dans les terres du nord. Je dois mettre ça au point avec monseigneur Jaminez. Tu seras heureuse d'apprendre que je pars loin me cachant de toute tentation charnelle, à moins que ce ne soit moi, la tentation !
- Vous devriez avoir honte ! Le père Bounet avait ses défauts, mais il n'aurait jamais parlé comme ça.
Angelo éclata de rire et passa son bras autour de épaules de Perrine qui s'était finalement radoucie.
- Son principal défaut étant qu'il partageait la couche de sa femme de charge dont vous avez pris la suite, répondit-il malicieusement.
- Oh ! Garnement ! Personne ne l'a jamais su !
- Il faut croire que si, mais je suis bien d'accord avec vous : c'était un saint homme. Peut-être que je serais plus doux si j'avais une femme dans mon lit.
Et le jeune prêtre lui posa une bise sonnante sur la joue.
- Vous êtes un vrai chenapan ! Je veux bien croire que vous saurez respecter vos voeux, mais je vous dis quand même que la petite n'est pas indifférente à votre charme. Vous devriez être plus charitable et lui éviter du mal. Vous finirez par lui briser le coeur.
- Je ferais plus attention Perrine. C'est promis. Maintenant, je dois vraiment me remettre à l'écriture de toutes mes lettres. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Sam 7 Sep - 21:17 | |
| Le soleil était près de se coucher quand Roxane releva la tête de son ouvrage. À force de s'abrutir de travail pour ne surtout pas penser, elle avait fini par cesser de pleurer et de se meurtrir le coeur. Au lieu de ça, elle avait presque terminé de réparer le toit de l'église. Elle avait enlevé touttes les tuiles fendues ou endommagées et retiré les isolants moisis pour les remplacer par de nouveaux. Elle avait même commencé à poser les tuiles neuves. Là où elle n'avait pas pu finir, elle avait couvert les trous avec de la toile goudronnée solidement fixée. À moins d'une grosse tempête, voilà qui devrait tenir jusqu'à dimanche prochain.
Ses genoux ramenés contre sa poitrine et entourés de ses bras, elle regardait le soleil descendre lentement sur la mer. La vue était sublime d'ici, et lui rappelait la vie à bord du Razgriz. Seigneur, que la vie en mer lui manquait quelquefois ! Pendant quelques instants, quelques heures peut-être, elle avait oublié à quel point la vie était cruelle avec elle et lui jouait des tours pendables. Mais à présent que la lumière avait presque entièrement disparu, il lui fallait redescendre par la grande échelle, de crainte de ne pouvoir le faire plus tard dans le noir de la nuit. Elle rangea donc ses outils et s'assura une dernière fois que les toiles étaient bien fixées avant de s'engager sur les barreaux.
Glissa-t-elle à cause de l'obscurité ? Était-elle distraite ? Fatiguée par tant de travail ? Alourdie par ses outils ? Quoi qu'il en soit, une poignée de secondes plus tard elle gisait au pied de l'échelle, un bras bizarrement tordu, les yeux clos et un vilain hématome apparaissant déjà sur sa tempe entre deux mèches châtaines encore humides de sueur. Elle n'avait pas crié, pas fait un bruit hormis celui, assourdi par l'herbe, de sa chute. |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Dim 8 Sep - 22:19 | |
| La nuit était tombée et Perrine n'allait pas tarde à l'appeler pour le repas. L'après-midi avait été longue et triste. La rédaction des lettres avaient occupé son esprit, mais cette tâche achevée Angelo se sentit enserré dans un étau. Une profonde tristesse, lorsqu'il repensa aux paroles de Perrine. C'était idiot de penser qu'il pouvait avoir quelques pensées déplacer à l'égard de sa protégée. Il l'appréciait, mais il savait qui il était : un prêtre, un missionnaire. Il l'avait toujours été dans son âme. Il aurait porté les armes pour sa foi. Alors Perrine pouvait bien dire ce qu'elle voulait, jamais il ne se détournerait de Dieu. Il avait calmé sa sourde colère par de l'eau fraîche et par des prières. Son esprit avait vagabondé sur les paroles saintes. Oui, il était un homme de Dieu, un soldat de sa foi et rien de changerait ses convictions.
- ANGELO ! Vite venez mon père ! La petite, elle est tombée ! Mon Dieu, venez vite !
Le jeune prêtre se précipita dehors et constata que Roxane était à terre, mais le manque de lumière empêchait de une plus fine analyse. Il s'agenouilla et tenta de trouver un pouls ou de percevoir un souffle. Il ne prit conscience que son propre coeur s'était comme arrêté que lorsqu'un souffle très léger et tiède caressa sa joue.
- Fais chauffer de l'eau et prépare des bandages, Perrine.
Angelo souleva avec douceur la jeune fille. Elle était si légère, comme une enfant. Il la déposa dans une chambre de l'étage, puis alluma des bougies pour mieux l'examiner. Elle avait du sang à la tête, mais l'hémorragie avait déjà cessé. En revanche, son bras l'alarma et il envoya Perrine chercher le médecin. Puis il nettoya la plaie et la banda. Il attendait le médecin, à genou près de la tête de lit, vérifiant régulièrement d'une caresse sur le front la température de Roxane. Des paroles apaisantes mêlées de prières traversaient ses lèvres. Enfin le médecin arriva et son diagnostic fut rapide : la blessure à la tête n'aura provoqué, dans le pire des cas, qu'une légère amnésie, en revanche le bras était sans doute cassé. Il devait le remettre en place rapidement. Sans brutalité, il réveilla la jeune fille dont le visage trahissait sa douleur.
- Ce n'est rien Roxane. Le médecin va guérir ton bras. Il faut le remettre en place. Tu dois boire un peu d'alcool, ça atténuera ta douleur.
Angelo l'aida à boire quelques gorgée d'eau de vie que lui donnait le médecin. Puis lorsqu'il manipula le bras, elle poussa un cri et s'évanouit. Le reste de l'opération ne prit que peu de temps et le médecin repartit avec une bourse bien garnie en promettant de repasser le lendemain. Assis près du lit, il mangea la soupe qu'apporta Perrine. Puis le temps se figea. |
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Roxanne Morlame
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Sam 21 Sep - 21:43 | |
| Perdue dans un délire fiévreux, Roxane rêvait et oubliait là ses souffrances comme ses peines. Elle n'avait été éveillée qu'un bref instant par Angelo qui lui avait fait boire de la gnôle avant que le médecin lui remette le bras en place. Le bras, c'était bien ça ? Déjà dans un état de semi-conscience, elle n'avait qu'à peine entendu les mots du prêtre, juste rassurée par le ton confiant de sa voix.
À présent, elle flottait dans une bienheureuse inconscience où il n'existait ni société contraignante, ni prêtrise, ni Église ou Marine. Ils étaient tous des nuages moelleux et doux et se promenaient dans un ciel d'un magnifique bleu azur. Ils ne parlaient même pas, mais soufflait et murmurait des mots doux parfois en se croisant, en se frottant.
Dans le monde réel, là où veillait un Angelo épuisé et inquiet, le visage de Roxane était métamorphosé par un sourire d'une infinie douceur. Elle était bien là, dans son monde imaginaire où tous pouvaient profiter les uns des autres et vivre dans cet océan bleu d'amour.
Un pli se forma pourtant entre ses délicats sourcils, puis une grimace déforma peu à peu ses traits qui se trouvèrent figés par la douleur. Elle commença à s'agiter alors, à geindre et souffler. Puis finalement, elle ouvrit les yeux d'un coup d'un seul, réveillée de force par une insupportable douleur dans son bras et une migraine sans précédent lui martelant les tempes.
La bouche sèche, elle ne put même pas jurer comme elle en avait eu l'intention. Son regard tomba ensuite sur Angelo qui dormait, assis sur un fauteuil mais la tête sur le lit... Sur sa main ? Pourquoi était-il là ? Avait-il pleuré ? Était-elle si malade ? Mourante peut-être ? Elle ne se souvenait pas avoir attrapé une quelconque affection pourtant. Comme c'était curieux.
Elle remua les doigts et se rendit compte qu'ils étaient prisonniers des mains du prêtre. C'était doux, elle en oubliait un peu sa souffrance. Mais ça restait incompréhensible. Et elle avait tellement soif ! S'il pouvait seulement ouvrir les yeux pour lui raconter ce qui s'était passé... Et la regarder avec son habituelle douceur.
- Angelo... Souffla-t-elle tout bas, d'une voix étranglée et un peu rauque. Puis elle se reprit. Mon père... |
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Angelo Añada
Vigie Premier personnage
Sujet: Re: Où Roxanne s'improvise couvreuse [PV] Lun 31 Oct - 0:27 | |
| Les heures de la nuit s'égrenaient lentement. Le visage de Roxanne était serein. Tout était si calme, si éloigné du monde. Irréel. Que faisait-il en plein milieu de la nuit au chevet d'une jeune fille souffrante ? Ou étaient les père et mère de cette enfant ? Pourquoi n'était-elle pas dans son propre lit ? Comment un fils de la plus haute noblesse se retrouvait au service d'une sans-nom ? Par quel étrange chemin Dieu le mettait-il dans cette situation ? Où avait-il pèché ? Quelle résolution, quel choix l'avait mené sur ce fauteuil ? Et le jeune prêtre reprit les chants de prière du matin. Le son franchissait à peine ses lèvres qui s'entrouvraient. Huit heures s'étaient écoulées, huit heures à entendre les mêmes questionnements dans sa tête. Huit heures à fixer ce visage paisible, mais inanimé.
Enfin, le soleil matinal darda ses premiers rayons. Il apportait à Angelo la lucidité et le courage d'ouvrir son coeur à ce Dieu à qui il se consacrait tout entier. En un monologue intérieur, adressé à cet être immatériel, il se figura la réalité. Il reconnaissait qu'il avait de l'affection pour Roxanne, qu'il souffrait de la voir souffrir, qu'il n'était pas insensible à ses charmes, que les moments passés avec elle le coupaient des réalités du présent. Il pouvait bien admettre tout cela, mais... était-il tenté ? La discipline qu'il s'était imposée depuis si longtemps, était une muraille infranchissable. Il avait bien conscience qu'il garderait un souvenir de cette enfant sauvage, un poinçon dans le coeur. Mais c'était à lui seul de régler en lui-même la souffrance que cet aiguillon provoquerait.
Lui oui, il saurait dompter ses élans. Il était rôdé à cet exercice. Son assurance devant Perrine était le fruit d'un travail de tant d'années. Pourtant, elle avait raison : il savait. Il savait qu'il fascinait la petite. Il le savait et ne s'arrêtait pas. Sa discipline le protégeait lui, mais pas le coeur face à lui. Comment pouvait-il être sûr que cette fragile petite pourrait se détacher si facilement ? Il avait été si égoïste en acceptant de croire les discours bravaches de Roxanne. Une colère sourde contre lui-même, contre son orgueil, son égoïsme, son aveuglement, sa légèreté, dévorait désormais son coeur et son esprit. Le soleil toujours plus haut semblait étaler devant lui tous ces agissements indigne d'un homme de foi. Et il se prétendait digne de son Dieu ?! Un misérable oui ! Un misérable, imbus de son nom, se croyant supérieur à tous sous son amabilité.
Le jeu de lumière laissait paraître le reflet du jeune homme dans la fenêtre. Face à cet autre lui-même, les yeux remplis de hargne, il vit l'éclat de sa croix son corsage défait. Le pouvoir de cette si petite croix puisait dans ses souvenirs. Ils étaient lointains, nombreux et contenaient bien des ténèbres. Tel un antidote, elle sembla aspirer la colère d'Angelo qui poussa un profond soupir. Un sourire triste s'installa sur son visage et ses yeux finirent pas se fermer.
Le père Añada entendit un geignement du fond de l'immense puits où il se trouvait.
Mon père...
Sa voix était une caresse. Il s'était endormi... et il sentait son corps si près du sien. Il se redressa doucement, retardant le moment où il ouvrirait les yeux. Il savait ce qu'il verrait. Il savait que son coeur plongerait dans les grands yeux de Roxanne et que son esprit le transpercerait. C'était ainsi. A lui d'ajuster douceur et fermeté. Trois mois ? Moins s'il le pouvait. Il ouvrit les yeux : il s'agissait de jouer maintenant.
- Roxanne ! Te voilà réveillée ! Attends, je vais t'aider à te redresser. Perrine t'a préparé de quoi te remettre.
Angelo soutint la jeune fille pour qu'elle s'installe plus à son aise. La brûlure de son coeur résonnait dans tout son corps, alors que son esprit se focalisait sur sa croix suspendue entre eux. Trois mois : un chemin de croix pour lui faire payer chacun de ses péchés.
- Voilà ! Tu peux boire. Nous avons été très inquiets. Je ne souhaite pas retrouver ton père pour lui annoncer une mauvaise nouvelle ! |
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