C'est finalement en courant que Cécilia revint au palais. La tempête s'annonçait particulièrement violente et elle avait bien cru qu'elle ne pourrait jamais revenir au palais à temps pour y échapper. D'abord elle avait eu la malchance de bousculer un ivrogne dans les rues de la capitale. Heureusement pour elle, l'homme était seul, sans ses autres amis, piliers de comptoir et il était tellement saoul qu'il n'avait pas su garder son équilibre pour attraper la jeune fille impudente. Après nombres injures il s'était retrouvé à terre et elle en avait profité pour détaler. Elle était également passée devant une maison de joie où les femmes en service l'avaient trouvé très jolie et lui avaient proposé de rester avec elles à l'intérieur pour lui tenir chaud pendant que la tempête faisait rage dehors. Cécilia qui n'avait pas tout de suite compris les allusions avait accepté. Il faut dire pour sa défense qu'à ce moment là le vent avait soufflé tellement fort qu'il avait envoyé contre un mur la carriole d'un marchant ambulant. Après avoir vu des scènes plutôt étranges dans ladite maison la fille naïve qu'elle était, avait pris ses jambes à son cou, et ce malgré un thé délicieux qu'on lui avait servi.

Elle était enfin arrivée devant les grandes portes du palais lorsque la pluie commençait à tomber. Et elles étaient fermées évidement. Elle avait crié, hurlé même pour qu'on vienne lui ouvrir. Les gardes la prirent d'abord pour une jeune fille malade, échappée de l'asile du coin avant de se rendre compte qu'il s'agissait en fait de la fille du gouverneur. Ils lui avaient ouvert la porte en hâte et s'étaient confondus en excuse, tout en ce demandant ce qu'elle faisait dehors. Mais Cécilia ne les avait pas entendu et avait couru jusqu'à sa chambre, trempée et tremblante.

Elle était maintenant adossée contre la porte de sa chambre qu'elle avait claqué avec force pour échapper au monde extérieur. Elle qui, quelques semaines plus tôt n'aurait jamais mis les pieds dehors, s'était retrouvé livrée à elle même. Elle reprit son souffle et repensa à ce qu'il venait de se passer. Un sourire lui écorcha les lèvres. Certes elle avait eu la peur de sa vie, mais au final elle s'en était sortie. Elle avait réussi et était revenue seule, saine et sauve. De plus elle aimait ce sentiment presque nouveau qu'elle ressentait à cet instant, un sentiment qu'elle n'avait pas dû éprouvé depuis très longtemps : l'excitation. Elle avait eu une réelle montée d'adrénaline face au danger, et elle se rendit compte que ce n'était pas si déplaisant que ça.