C'est en papotant sur le chemin vers son commerce que Julyan apprit à mieux connaitre Edelweiss. Il n'apprenait aucune information importante, mais plusieurs petites mimiques, et aussi plusieurs traits de caractère. Elle avait un tempérament fort, et si Julyan n'en avait encore pas fait les frais, c'était certainement qu'elle avait été perturbée.
C'est devant son magasin que Julyan sourit de plaisir. Il était fier de lui montrer son commerce, et bien que Julyan n'ait jamais été d'une richesse extrême, il vivait dans un commerce plutôt grand. Lorsqu'il ouvrit la porte coulissante afin de laisser entrer la jeune demoiselle, il ressentit au fond de lui une bouffée de stress à l'idée que son univers ne plaise pas à Edelweiss. Il ne fut pas fier sur le coup de montrer ses armes à une femme. Aussi masculine pouvait-elle être, une femme n'aimerait jamais les armes. Sauf chez les pirates et chez certains irréductibles. C'est alors qu'il montra son rayon textile. Il en était plutôt fier. Après avoir déblatéré des anecdotes peu intéressantes, il offrit un coussin à la jeune femme.

- C'est pour s'asseoir... Comme ça.

Julyan montra l'exemple, et s'assit sur le zabuton. Car c'est ainsi que le cousin s'appelle. C'est un petit coussin que l'on pose à même le sol, afin de boire le thé sous une table basse. Julyan s'y assit, et invita Edelweiss à faire de même.

- Vous voulez un thé Wu-Long ou un thé vert ? Le thé Wu-Long a subit une légère fermentation, ce qui n'est pas le cas du thé vert. Personnellement je le préfère.

Des maisons et des commerces défilaient dans les rue alors que les jeunes personnes cheminaient vers la boutique de Julyan. Désirant alléger cette brève promenade, Edelweiss parla de tout et de rien. Lui, l'écoutait avec ce continuel sourire indéchiffrable. Ils finirent par s'arrêter sur l'une des places populaires de la ville sur laquelle résidait L'Orient. En face, une fontaine ruisselait sous les doux rayons du soleil. Le magasin avait plus l'allure d'un temple que d'un commerce, et suscita grandement la curiosité de la jeune femme. Un batîment venu d'un autre temps, d'un autre monde . Peut être qu'en franchissant ces deux colonnes, ne seriez vous pas transporté dans un autre univers ? Laissant Julyan la guider, elle pénètra dans ce sanctuaire étranger lorsqu'il fit coulisser la porte.
Edelweiss fut émerveillée par ce changement important de décors. Ces lampions, Ces dragons, ces couleurs si exotiques qui ornaient les murs du magasin. Elle foulait les terres des pays orientaux.
Julyan, en parfait gentleman, lui fit faire le tour du commerce. Des armes ...

Diantre ! Qu'il y en a beaucoup !

Des vêtements ...

Quels habits raffinés. Et ce tissu ...

Et enfin un coussin.

Un ... coussin ?

- C'est pour s'asseoir... Comme ça.

Edelweiss eut du mal à ne pas éclater de rire quand elle eut enfin compris son utilité. Ce n'était pas qu'elle se serait moqué de ses coutumes, non, mais plutôt qu'elle avait été surprise par la soudaine apparition de cet accesseoire. Il aurait été bête de vexer aussi inutilement son hôte. Elle s'installa donc près de cette table basse où s'était déjà placé Julyan. Peu habituée, elle se surprit à penser qu'il était agréable de sièger ainsi.

- Vous voulez un thé Wu-Long ou un thé vert ? Le thé Wu-Long a subit une légère fermentation, ce qui n'est pas le cas du thé vert. Personnellement je le préfère.
- Vous semblez bien vous y connaître. (Elle sourit) Je prendrais la même chose que vous. (Elle leva son regard au plafond et parcouru la pièce des yeux) Votre boutique est remarquable, d'un charme exotique tel que je n'en ai jamais vu. J'ai cru comprendre que vous étiez originaire d'Orient (Elle sourit de nouveau). Parlez moi de votre pays, je vous en prie.

Son regard brilla d'émerveillement mêlé d'une curiosité d'enfant.

Lorsque la jeune femme répondit à sa question, Julyan conclut que la jeune femme prendrait un thé Wu-Long. C'est lorsqu'elle continua de lui parler que Julyan se mit à l'écouter avec attention.

-Votre boutique est remarquable, d'un charme exotique tel que je n'en ai jamais vu. J'ai cru comprendre que vous étiez originaire d'Orient (Elle sourit de nouveau). Parlez moi de votre pays, je vous en prie.

- Mon pays... Un pays pauvre, et pourtant pourvu de richesses inestimables. Seulement leur valeur telle qu'elle est ici n'est pas la même qu'elle est là-bas. Eux, voient la soie comme un produit leur servant pour s'habiller tous les jours. C'est d'ailleurs la matière de ma garde-robe. Seulement ici, la soie, ça vaut un beau paquet d'argent. Là-bas, d'où je viens, on marche pied nu, on travaille à 18 ans, voire des fois à 14 ans, afin de nourir la famille. C'est ce que je connais de mon pays. Ou plutôt de mon village.

Il repartit en direction de l'arrière boutique, afin de préparer le thé. Il ne revint pas entre temps pour s'asseoir, et laissa malheuresement sa compagne seule. C'est lorsqu'il revint avec les feuilles de thé et l'eau bouillante qu'il revit celle-ci. Il posa le tout sur la petite table basse, et proposa à la jeune femme de se servir. Il s'assit ensuite à son tour, et lui dit :

- On arrete pas de parler de moi... mais vous ?

Cette question plus qu'indiscrète était surtout présente afin d'occuper le temps, et de parler de quelque chose de plus interessant que le pays où il avait abandonné ses parents, certainement morts à l'heure qu'il est.

La réponse de Julyan fit blêmir la jeune femme. Elle avait été idiote, et regretta aussitôt cette question. Cette fascination naïve dont Edelweiss avait été envahie en découvrant ce nouvel univers lui semblant si riche et prospère, lui fit honte. Le jeune homme sortit un moment préparer le thé, elle resta donc seule. L'idée de s'enfuir en courant lu frôla l'esprit. Tordant ses mains de nervosité, la jeune femme combattit cette envie jusqu'au retour de Julyan. La boisson fut rapidement servie.

- On arrête pas de parler de moi... Mais vous ?
- Moi ? J'ai grandi non loin d'Assecia, dans riche famille bourgeoise. Je n'ai donc jamais connu de situation matérielle précaire... Je me sens sotte de vous avoir demandé cela aussi naïvement, je vous prie de m'excuser, sincèrement...

Elle baissa son regard sur le liquide fumant, et reprit :

- J'ai rapidement été excédée par ces gens-là, qui se cachent derrière des masques et des manières, ainsi que mon père qui voulait me marier afin d'assouvir ses intérêts personnels. J'ai donc pris la décision de quitter le domaine familiale... (Elle but une gorgée) Je pensais n'avoir plus rien en commun avec eux, je me trompais..., fit-elle amèrement avant de reprendre une autre gorgée.

Edelweiss gardait quelques rancunes envers elle-même, pour avoir gardé malgré soi une certaine vision du monde héritée de son éducation. Consciente de la tension qui s'était installée, elle s'empressa d'ajouter :

- Quoi qu'il est soit, votre thé est délicieux. Il réconforte et apaise l'esprit...

Lorsque Julyan répondit à la question de la jeune femme, il remarqua un malaise. Peut-être s'était-elle sentit coupable d'avoir posée une question aussi indiscrète, mais cela ne gêna pas du tout Julyan.

- Moi ? J'ai grandi non loin d'Assecia, dans riche famille bourgeoise. Je n'ai donc jamais connu de situation matérielle précaire... Je me sens sotte de vous avoir demandé cela aussi naïvement, je vous prie de m'excuser, sincèrement...
- J'ai rapidement été excédée par ces gens-là, qui se cachent derrière des masques et des manières, ainsi que mon père qui voulait me marier afin d'assouvir ses intérêts personnels. J'ai donc pris la décision de quitter le domaine familiale... (Elle but une gorgée) Je pensais n'avoir plus rien en commun avec eux, je me trompais..., fit-elle amèrement avant de reprendre une autre gorgée.

Julyan ne comprit pas sa réaction. Il n'y avait rien de mal à demander à quelqu'un -quelque soit son passé- ses origines. Qui plus est, là où vivait Julyan, ce n'était qu'un petit patelin d'Orient, et celui-ci savait très bien que des villes beaucoup plus belles et beaucoup plus riches se trouvaient en Orient.

- Sotte ? Vous m'avez juste demandé d'où je venais, il n'y a rien de mal... Quant au mariage forcé, c'est une pratique que l'on n'utilise pas en Orient. Vous m'apprenez cette méthode aujourd'hui même, et je dois vous avouer que je ne suis pas pour... Une femme doit être consentante, et doit se marier avec un homme qu'elle aime. Le porte-feuille est la tentation des plus vils paternels, et pour la situation de leurs filles, ils seraient prêt à tout. Vous avez bien fait de partir. Qui plus est si vous aviez quelque chose à voir avec eux, alors vous ne seriez pas avec moi.

Julyan arriva au bout de son thé. Lorsqu'il rajouta un peu d'eau chaude, Edelweiss lui dit :

- Quoi qu'il est soit, votre thé est délicieux. Il réconforte et apaise l'esprit...

- C'est clairement plus efficace que l'opium... Ah... vous ne connaissez peut-être pas l'opium ? C'est issu du pavot. Certains utilisent l'opium pour se sentir mieux... J'ai toujours préferé le thé. Je ne sais pas si il est utilisé ici. Le problème de l'opium, c'est qu'on en devient dépendant. Maintenant, je n'en sais guère plus, puisque cela ne m'a jamais interessé. Mais utilisé a faible dose, il peut servir à atténuer la douleur, et j'en ferai peut-être un jour le commerce. Afin de le commercialiser ici.

C'est en ramenant sa tasse et en proposant à Edelweiss de la lui récuperer, que Julyan passa dans l'arrière boutique. Il ramena des petits gateaux orientaux.

- Excusez-moi, normalement ils se servent en même temps que le thé... Je les ai oubliés.

Edelweiss écouta les propos du jeune homme avec une attention toute particulière. Non. A vrai dire elle ne l'écoutait pas vraiment, mais le sourire lui revint en peu de temps. La présence de Julyan était-elle rassurante au point de la rendre ainsi bienheureuse ? Certes, elle se réjouissait d'un rien, mais que pouvait-on faire ? Sa nature d'un brin optimiste et naïve lui permettait de s'égayer de peu. Ici, c'était ce jeune homme qu'elle avait rencontré plus tôt, cette nouvelle amitié qui avait débutée fortuitement sur la place du marché.

- C'est clairement plus efficace que l'opium... Ah... vous ne connaissez peut-être pas l'opium ? C'est issu du pavot. Certains utilisent l'opium pour se sentir mieux... J'ai toujours préferé le thé. Je ne sais pas si il est utilisé ici. Le problème de l'opium, c'est qu'on en devient dépendant. Maintenant, je n'en sais guère plus, puisque cela ne m'a jamais interessé. Mais utilisé a faible dose, il peut servir à atténuer la douleur, et j'en ferai peut-être un jour le commerce. Afin de le commercialiser ici.

Encore une chose dont elle ignorait tout, l'opium ...

- En effet, c'est une substance qui m'était jusqu'à maintenant inconnue. Et d'après vos dires, il s'agit là d'une chose plutôt bénéfique. Oh, à faible dose bien sur... Mais je n'arrive pas à concevoir le fait d'en devenir dépendant. J'ai toujours affectionné les tisanes et infusions pour guérir les maux de la vie quotidienne.

Ils bavardèrent quelques minutes supplémentaires, après quoi, le jeune homme débarassa le service, disparut en arrière-boutique, et revint, une boîte de petits gâteaux à la main. Les motifs qui ornaient ce coffret en métal laisser deviner qu'il s'agissait de spécialités orientales.

- Excusez-moi, normalement ils se servent en même temps que le thé... Je les ai oubliés.
- Inutile de nous excuser pour cela, fit-elle de bon coeur, on en saura apprécier d'avantage leur saveur.

Elle dégusta ces pâtisseries avec autant de plaisir que de gourmandise. La jeune femme ne résista pas, elle en dévora plusieurs sans retenu. Oui, Edelweiss est une grande amatrice de ces mets-là, et elle ne cherchait pas à le cacher.
L'éapès midi passa rapidement, le soleil achevait sa course vers le zénith quand, épiloguant des rumeurs portant sur l'existence des sirènes, la jeune femme se demanda si elle n'avait pas abusé de l'hospitalité du jeune homme. Elle avait passé une journée forte agréable en sa compagnie, et songeait à renouveller cela.

- Il commence à se faire tard Julyan, je pense que je devrais rentrer chez moi.

Elle se leva de son coussin.