Edelweiss
Matelot Premier personnage
Sujet: Un temps pour les regrets [RP Solo] Sam 7 Jan - 14:12 | |
| Edelweiss traversait la longue avenue qui longeait la capitale, flânant le long des échoppes des rues commerçantes. De temps à autre, elle s’arrêtait devant quelques vitrines, sa curiosité éveillée devant l’exotisme de certains produits ; alors elle admirait au travers de la glace les objets exposés. Son attention se porta en particulièrement sur une bijouterie devant laquelle elle passait lorsqu’elle se rendait au marché ; depuis un certain temps, un collier en argent et son pendentif serti d’une émeraude lui faisait de l’œil, et elle se retenait à grande peine de s’accorder cette gâterie. Depuis qu’elle avait quitté la demeure familiale des De Palombrie, elle avait renoncé à se donner ce genre de petits plaisirs. L’argent de son commerce lui servait avant toute chose à subsister, et non à s’offrir quelques fantaisies. Un couple de demoiselles passa auprès d’elle, gloussant à quelques fadaises, et pénétra dans l’échoppe. La jeune femme soupira fortement, et reprit sa route.
La journée était chaude, l’air presque étouffant, mais les rues commerçantes semblaient tout de même prospères ; les allées étaient continuellement parcourues de chalands désireux de s’offrir les derniers articles en mode, le temps était à la fête. Elle se rappelait. A cette période de l’année, les bourgeois de la ville organisaient un grand bal dont seuls les membres de cette société restreinte étaient conviés. Edelweiss se souvenait de ces folles soirées qu’elle avait passées avec ces gens-là. De belles robes, des courtisans qui accouraient pour l’inviter à danser. De grandes gens, disait-on. Qui n’avait jamais rêvé de se retrouver parmi cette élite sociale ? Non, pour elle, s’en était déjà trop, elle ne pouvait plus les rejoindre à nouveau, elle avait quitté cette vie de complaisance et refusait de se laisser berner par ces apparences trompeuses ; ou peut-être que, par pur égoïsme, repoussait-elle le fait que quelqu’un trace sa propre vie, au profit seul d’un père qu’elle connaissait à peine ? Parfois, la jeune femme songeait à retourner au manoir et s’excuser auprès de son paternel, ce que sa défunte mère aurait sans aucun doute souhaité. Diviser la famille n’était d’aucune utilité, si ce n’était que pour l’affaiblir d’avantage, car elle laissait la puissance commerciale de la famille sans successeur, et Edelweiss ignorait si son père avait aspiré à un nouveau mariage.
La jeune femme se rapprochait de la fleuristerie dont elle avait acquis quelques années plus tôt. Un établissement de taille moyenne dans lequel elle vendait au jour le jour les plantes qu’elle produisait elle-même dans son arrière-cour, devenu depuis, un jardin. Il faisait sa fierté et son orgueil. Son plaisir, était de le voir s’épanouir sous les rayons de l’aurore, alors que la rosée se déposait. Edel poussa la lourde poste de bois sombre et pénétra dans l’échoppe. A l’intérieur, l’air était plus frais, et ses plantes… défraîchies. La chaleur en était l’origine, et le climat ne semblait pas vouloir s’améliorer, bientôt, son jardin pâtirait du temps. Elle déplaça du pied un arbrisseau qui couvait l’entrée d’un corridor, et s’y engouffra. Le couloir débouchait sur le patio, le soleil l’aveugla, mais elle devina rapidement l’état de son jardin : sans perdre une minute, la jeune femme se motiva à tout arroser.
« Julyan… »
Ce jeune homme suscitait en elle des sentiments comme elle n’en avait jamais connu auparavant. Une sensation à la fois agréable, et terriblement dérangeant : ses émotions se dérobaient de tout contrôle, elle qui avait toujours était maître de sa personne, ce n’était à n’y rien comprendre. Elle le reverrait, la jeune femme en était persuadée, et … ce n’était pas pour lui déplaire ! Quel homme charmant ! Encore plus depuis l’existence de sa petite sœur, et qu’elle était mignonne cette petite ! Avec son adorable petit minois, qui ne craquerait pas pour ces yeux là ? Edel en oubliait presque le fait qu’Akane collait un peu trop Julyan, mais cela, c’était du domaine du détail. Ils semblaient si proches l’un de l’autre, elle n’avait nullement l’intention de les séparer. A quoi bon briser un lien aussi puissant que le leur ? Si Leweiss était là, auraient-ils, eux-aussi, étaient aussi proches ? La jeune femme ne poursuivit pas plus loin sa pensée, une douleur inconnue lui serrant la poitrine. Une ancienne blessure s’était rouverte…
Edelweiss se mit à ruminer de sombres pensées, à ressasser le passé, à regretter cette époque où tout était pour le mieux du monde. Pourquoi le destin lui avait-il pris sa mère aimante de son frère qu’elle chérissait tant ? Pourquoi cette querelle avait-elle éclaté entre son père et elle ? Que serait devenue sa vie autrement ? Aurait-elle été plus heureuse ? Serait-elle tombée amoureuse d’un autre homme ? Toutes ces questions qui lui tournaient la même ces dernières années… Mais le passé était le passé, et resterait le passé, mais elle pouvait s’y résoudre à s’en détacher ? Qu’allait-t-elle faire à présent ? Allait-elle continuer son existence actuelle, ou rentrer chez son père ? Ignorant si ce dernier l’accepterait ou la dédaignerait, comme il l’avait toujours fait, la jeune femme sentit d’autant plus accablée. Non. Elle secoua la tête, et chassa toute ces mauvaises idées de son esprit. Arrête, se disait-elle, tu te fais du mal, rien que du mal. Et elle s’efforça de ne plus y songer, reportant son attention sur l’asiatique. Elle se surprit à sourire en pensant à lui…
Son regard flotta un instant sur cette nouvelle robe qu’il lui avait offerte. Encore une magnifique pièce, fine, élégante, aux contours orientaux. La fleuriste la saisit et s’empressa de la ranger à côté de l’autre vêtement qu’il le lui avait offert. Non, celle-ci, monologua-t-elle, je ne peux pas la garder. Lui-même avait avoué qu’elle était trop grande trop moi. Elle rosit. Oui, la moindre des choses, c’était de lui la rendre. Oui, je lui rendrai cette robe… un jour … bientôt. En fait, le plus tôt possible serait même le mieux…
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