Denähy Elëmyr
Forban
Sujet: La chute [RP Solo] Mar 3 Mai - 14:13 | |
| Les jumeaux eurent tôt fait de rentrer chez eux, pour se mettre à l'abri. Le Prince avait vu juste, car dès qu'il les eût quittés, la pluie tomba à fortes gouttes et le tonnerre grondait, semblant se rapprocher dangereusement. Le gibier sur l'épaule, Kinaï avançait à grands pas, trébuchant parfois sur une racine trempée, et ne cessait de presser sa sœur, Denähy, qui le suivait aussi vite qu'elle le pouvait, tout en portant son arc et son carquois. Elle jetait quelques regards anxieux, vers la forêt, craignant les désastres de la tempête et eut même une pensée pour le Prince qu'ils avaient laissé s'aventurer seul au fond de la forêt.
- Quoi?
Les inquiétudes de la jeune femme passaient rarement inaperçues, auprès de son frère, comme s'ils partageaient un lien autre que le sang, un lien spirituel, qui faisait que, sans avoir recours à la parole, ils se comprenaient. Denähy s'arrêta un instant, regardant par-dessus son épaule, la lisière de la forêt, qu'ils venaient de franchir.
- Rien, je … Je me disais qu'on devrait prévenir quelqu'un.
En effet, s'il arrivait quelque chose au Prince, ils se sentiraient tous les deux responsables, et la tristesse et la colère rongeraient probablement le cœur du Roi et de son épouse. Kinaï acquiesça sombrement, le poids de la bête commençant à le fatiguer et à lui tirailler les nerfs. Ses longs cheveux noirs, noués en une coiffure ramassée sur la nuque, s'échappaient de leur lanière, en mèches rebelles trempées, plaquées sur sa peau. Denähy n'était pas dans un état préférable : ses longs cheveux noirs qu'elle laissait détachés se plaquaient également sur la peau de son visage, à cause de la pluie qui les avait imbibé. Sa cuirasse laissait échapper quelques couinements, au niveau des jointures, à cause de l'eau, et la terre boueuse s'initiait entre ses pieds et ses semelles. Il était temps de rentrer s'ils ne voulaient pas finir dans un piteux état.
- Rentrons vite, j'y retournerais une fois que tu seras en sécurité. - Mais, Kinaï ! - Ne discutes pas.
Mais aucune protestation ne pourrait le faire changer d'avis : Denähy constituait, pour le jeune homme, la personne la plus chère qu'il lui ait été donné. Il n'avait qu'elle et leur père. Père qui diminuait de jour en jour et qui perdait peu à peu la raison, à force de remords … Ils aperçurent bientôt les puits de tanin, qui leur étaient si familiers : ils allaient pouvoir se mettre à l'abri. Les jumeaux entrèrent dans l'atelier et le jeune homme déposa son lourd fardeau, roulant des épaules pour apaiser un peu la douleur que lui avait causé le poids de l'animal, sur ses nerfs. Alors que Denähy appelait son père, préparant quelques bâches constituées de nombreuses chutes de cuirs, afin d'aller couvrir les puits pour protéger leur contenu si précieux de la souillure de la pluie, Kinaï récupéra sa dague et son arc, qu'il passa à son bras, et déposant un baiser sur le front de sa sœur, il lui promis de revenir rapidement. Et il ne savait pas qu'il visait si juste … Denähy s'était étonnée du silence de leur père, et surtout du fait qu'il n'ait pas déjà couvert les puits, lui qui tenait si fort à cette solution miracle qu'ils avaient découvert, à force de recherche. Mais alors que Kinaï passait la clôture, un cri attira son attention :
- Kinaï !! Père !! Kinaï, viens vite ! Père, vous m'entendez ?
Le jeune homme abandonna arc et flèches et se précipita auprès de sa sœur qui semblait paniquer : et à juste titre.
- Qu'est-ce qu'il y a ?? - Père, il … Il est dans le puits, là ! Il … Il a dû tomber et … et … Il ne bouge pas ...
Elle se tenait la tête, incapable de raisonner, peut-être sous le choc, face à cette vision d'horreur. Heureusement, Kinaï avait plus de sang froid, et sans plus attendre se jeta dans le puits pour attraper le corps inerte de son père, qui flottait à la surface. Le puits était peu profond, plus large que haut, et Kinaï pouvait s'y tenir debout sans en boire le contenu. Aidé par Denähy, il posa son père sur la terre ferme et sortit lui-même de l'eau. Instinctivement, les jumeaux pratiquèrent un massage afin de faire expulser l'eau des poumons de leur géniteur, dont le corps n'avait pas encore raidit et dont la chaleur ne s'était pas encore envolée. Il n'était pas mort, son âme n'avait pas encore quitté ce monde.
- Revenez, Père ! Tenez, bon, ce n'est pas encore l'heure !
Le corps s'anima et Ahmon toussa, évacuant le liquide qui obstruait ses poumons. Mais il ne semblait toujours pas conscient, il semblait délirer, son corps tremblait et il gémissait parfois, sans que l'on comprenne ce qu'il disait. Mais au moins, il était en vie.
Prenant sa sœur par les épaules, captant son regard il lui ordonna :
- Den', écoutes-moi bien : tu vas aller au temple prévenir les guérisseuses que nous avons besoin d'aide, en leur expliquant bien ce qui s'est passé, d'accord ? Je m'occupe de Père, en attendant.
Sans attendre, la jeune fille acquiesça et se rua vers la ville ... |
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