C'est avec méfiance que le frère portier avait ouvert les portes au cavalier fatigué qui s'était présenté peu avant que l'obscurité n'enveloppe la campagne. Lorsqu'il lui remit les papiers justifiant de son identité, Angelo Añada avait été reçu avec beaucoup de joie et l'abbé fut même prévenu de sa visite dans l'instant.

On le déchargea de ses bagages et de son cheval. L'abbé Ambroise l'embrassa comme un frère et l'invita à le suivre dans son bureau personnel. Il prit le temps de demander des nouvelles de son père qu'il avait connu dans son enfance. Il prit également connaissance des nouvelles du vieux monde. La demande d'Angelo de rester une petite semaine parmi eux fut accueillie avec une joie sincère. Toute cette démonstration d'amour et d'attention consola le jeune prêtre à qui il avait semblé errer depuis trop longtemps.

Le son d'une cloche avait mis fin à la discussion : l'abbé Ambroise le pria de se joindre à la communauté pour le repas. La longue pièce était austère, mais cela le reposa. On l'accueilli par des regards chaleureux. Puis les quelques paroles qui subsistaient, prirent fin. L'abbé récita les bénédictions et tous s'assirent. Au côté de la cheminée surmonté d'un crucifix simple, un moine était debout devant un pupître. Alors que chacun commençait à goûter la soupe, il entama un chant profond et lent.
Angelo Añada s'emplissait des psaumes que le moine modulait de sa voix profonde et chaude. Il pria comme les autres moines, en se nourissant tant physiquement que spirituellement. Silence d'intelligence et de prière. Silence de repos et de paix.

~ Suite ~