Après s'être restauré frugalement, Angelo avait demandé l'autorisation de se rendre à la chapelle pour prier. L'abbé Anbroise avait accèdé à sa demande, mais il le mena d'abord à une salle d'eau pour qu'il se purifie le corps. On lui avait ensuite remis un petit paquet pour son séjour dans ce lieu. Il revêtit la bure de moine qui s'y trouvait. Un sourire s'inscrit sur ses lèvres lorsque ses doigts rencontrèrent un ouvrage un peu épais recouvert de cuir : une petite bible. C'était un très bel ouvrage, sans doute une fabrication des moines d'Ulriac.

Le jeune prêtre était à genoux, face à l'autel, et pria en remuant les lèvres. Il sentait le froid envahir la pièce. Les cierges fondaient inévitablement et bientôt il n'y aurait plus que les grands cierges d'allumés. Son corps s'imprègnait de l'atmosphère.
Une heure s'écoula sans qu'il s'en aperçut. Il recherchait Dieu et la paix. Il devait bien s'avouer que le voyage l'avait éprouvé. Cette pensée le boulversait : comment parviendrait-il à être prêtre, seul, dans une ville à deux jours d'ici, et avec une mission d'évangélisation ? L'angoisse de ne pas réussir à rester dans la lumière de Dieu le maintenait en éveil et il priait. Les mêmes questions tournaient sans cesse dans son esprit. Epuisé il se coucha sur le côté, contre la pierre froide, et s'endormit des larmes coulant lentement de ses yeux.

Une heure passa encore et les moines entrèrent un à un en silence pour la première prière de la nuit. Les premiers frères à rentrer s'alarmèrent de le voir ainsi et se portèrent à son secours. Ils pensèrent qu'Angelo avait pris froid et que la fièvre montait. On le porta donc dans la cellule que l'abbé Ambroise avait désigné pour lui.