La lumière de l'après-midi semblait donner à la ville une forme de somnolence. Chacun rentrait chez soi ou bien dans une taverne pour remplir son ventre. Les cris du matin s'étaient légèrement estompés et même l'agitation des quais qui parvenait généralement jusqu'aux oreilles de la rue, avait cessé. On était presque deux heures après midi. Angelo, monté sur un solide percheron noir, remontait calmement les rues de la capitale.
Après son bain, il était retourné à la banque pour réupérer ses affaires. Il s'était enquit d'un lieu où acheter un bon cheval. On lui avait indiqué une adresse dans le dédale des ruelles animées, et après avoir souvent demandé son chemin, il était parvenu jusqu'à l'atelier d'un maréchal-ferrant. Le prêtre ne souhaitait pas d'un cheval de course. Il recherchait bien plutôt un cheval d'endurance et qui lui servirait dans sa paroisse, tout au Nord. L'homme, imposant par sa taille et sa force, lui avait indiqué de très belles bêtes. La déférance avec laquelle il lui avait parlé, lui indiquait le respect qu'il avait pour le clergé. C'était un contraste certain avec ses aventures plus matinales.
Alors que Le Pécot, ainsi appelait-on ce maréchal-ferrant, préparait la noble bête, Angelo avait remarqué un beau crucifix, sans doute forgé par cet homme. Il en avait déduit que c'était un homme sage et pieux.

Alors que le missionnaire s'engageait sur les dernières routes appartenant à Assecia, il se retourna. La Cité semblait endormie à cette heure. Les bruits qui l'avaient tant gêné, ne lui parvenaient plus. L'immensité de l'eau renforçait cette impression de calme et de sérénité. Il tallona son cheval et claqua de la langue pour partir au trot. C'était là ses seuls adieux à cette ville dont il ne savait que penser.