La journée avançait à grand pas et l'orage tonnait toujours au loin. Il s'était installé dans la chambre royale, méditant sur ce qu'il avait fait ce jour là. La lourdeur du temps l'avait finalement endormi.
Un bruit léger de flaque d'eau le réveilla et il se précipita, juste à temps pour voir son fils filer vers la forêt. Le roi savait que son fils sortait régulièrement de la maison en passant par sa fenêtre. Le jeune homme n'avait sans doute jamais pensé qu'il laissait derrière lui des traces... bien trop faciles à repérer pour un père.
Il soupira, mais c'est un sourire attendri qui s'étira sur ses lèvres. Son coeur voyait en Ensun un jeune homme merveilleux, plein de potentiel. Pourtant la raison rigide et formée aux traditions dictait ses mots de père : il se montrait distant, froid, peut-être même trop exigeant.
Ensun disparut rapidement : son corps se fondait dans les couleurs de la nature. Ces caractéristiques physiques amenèrent devant ses yeux l'image de sa fille. Elle était grande maintenant. Il savait qu'il ne lui consacrait peu de temps et se montrait très froid à son égard. Ne l'avait-il pas remis à sa place sur le champ d'entrainement ? Mais qu'aurait-il pu faire d'autre ?

Il se pencha au-dessus de l'ouverture : Amilcar dormait encore à la porte, indifférent à la pluie qui tombait. Le roi respira une bouffée d'air chargée d'humidité odorante, puis s'installa par terre en tailleur. Il commença à écrire des actes royaux sur de grands parchemins roulés.